La discussion du projet de Loi sur le mariage pour tous va débuter demain au Parlement. Le débat est mené dans le pays depuis des semaine, ponctué de manifestations importantes. Les derniers sondages montrent une remontée nette des positions favorables au mariage pour tous, à plus de 60% des sondés. Le débat maintenant va se mener au Parlement, comme il est de principe en démocratie. Il semble qu'il y a une majorité parlementaire pour voter ce texte. Nous verrons ce qu'il en sera.
Dès aujourd'hui nous pouvons tirer des conclusions du débat mené dans l'opinion publique. Ce sujet a mobilisé l'intérêt des français, et les médias ont joué un rôle tout à fait remarquable dans l'organisation de ce débat. Toutes les opinions ont pu s'exprimer, jusqu'à même des opinions homophobes ici où là malheureusement. La première leçon à retirer de ce débat, c'est aujourd'hui la reconnaissance qu'il y a dans la société des orientations sexuelles différentes. C'est un grand pas pour celles et ceux qui se sentaient dans un ghetto. L'enjeu aujourd'hui c'est celui de l'égalité des droits. Autre leçon, les Eglises ont bien senties qu'elles avaient été au bout d'un engagement qui commencait à devenir politique, et provoquait des réactions hostiles, y compris dans ses rangs. Il y a une ligne jaune à ne pas franchir dans une République laïque, telle que définie par la Constitution. Les Eglises ont senti le danger et ont su en tirer la leçon en se faisant plus discrètes maintenant.
La droite, à la remorque des Eglises, et elle aussi de plus en plus divisée sur le sujet, est tentée de refaire le "cirque" parlementaire que nous avons subi lors du débat sur le Pacs. Ce serait une erreur qu'elle paierait cher au niveau électoral, et qui nuirait à la démocratie parlementaire. D'autre part les appels au référendum venant de responsables politiques qui n'ont pas eu recours à ce moyen pour le traité européen, relève d'une "astuce" politicienne qui ne trouve pas d'écho dans la société. Le recours au référendum serait plus justifiée sur la question du non cumul des mandats, car là il y a conflit d'intérêt sur ce sujet en demandant à ceux qui en bénéficient d'en décider !
La gauche a su rester dans l'esprit de l'égalité des droits, en ne se fourvoyant pas dans une loi fourre-tout qui aurait eu pour conséquence de perdre de vue la question de l'égalité des droits. La PMA sera étudiée avec la loi sur la famille qui doit voir le jour au printemps, car ce thème demande une réflexion approfondie, pour tous les couples. Quant à la GPA, il n'en n'a jamais été question. Elle est interdite en France déjà, elle ne sera pas autorisée demain, ni pour les couples hétérosexuels ni pour les couples homosexuels. Il faut en finir avec les "peurs" distillées ça et là par quelques curés intégristes, quelques homophobes que l'on trouve dans les rangs de civitas, du FN, et de l'UMP.
La France doit rejoindre le camp des nations qui ont pris en compte l'évolution des moeurs. Les pays qui l'ont fait, certains depuis très longtemps, ne sont pas déstabilisés pour autant.