Les cumulards passent à l'offensive. Ils tentent de convaincre le gouvernemet et le Président, et aussi l'opinion publique que le cumul des mandats est une obligation démocratique pour bien représenter son territoire. Balivernes que ce discours. D'abord pour des raisons constitutionnelles, un député, s'il est élu dans une circonscription, est élu de la nation pour proposer, faire, voter les lois et en surveiller la bonne application. Ce qui, permettez moi de le dire, justifie largement une activité de temps plein. Le sénateur, élu par les "grands électeurs" participe de la même mission, avec un lien particulier vers les collectivités locales. La qualité de ses relations avec les élus et les collectivités locales peuvent suffire amplement à rester en contact avec les territoires, sans empiéter pour autant, ce qui est le cas actuellement sur les fonctions des Conseillers régionaux et départementaux, ni sur celles des maires.
Que chacun se consacre pleinement à sa fonction, tel est l'esprit de nos institutions. Cet esprit a été déformé depuis longtemps pour des comportements de notables et de seigneurs, pour des intérêts personnels (gloire et prébende) ou politiciens (pouvoir par le clientélisme pour assurer le renouvellement électif). Ces pratiques politiques ne sont pas dignes d'une démocratie moderne. Ce sont les restes d'un système féodal qui a traversé l'histoire de france en se parant de vertus à prétention républicaines. Mais cela n'est qu'artifice. Le combat d'arrière garde mené par Rebsamen et une partie des sénateurs est symptomatique de nos difficultés à rompre avec les pratiques anciennes, il est révélateur d'un état d'esprit qui vise à maintenir une caste de professionnels de la politique, comme une charge qui se passe de parents à enfants, ou à des cooptés choisis dans le sérail des bons et loyaux sujets.
Dans le contexte économique que nous connaissons il devient de plus en plus insupportable que toutes les énergies ne soient pas tournées vers le changement, de façon à ce que l'organisation politique et administrative soit un levier pour répondre à la crise et préparer l'avenir, et non, comme aujourd'hui, un outil au service de l'immobilisme. Tous les sondages montrent qu'une très grande majorité des français sont opposés au cumul des mandats. Les adhérents du PS ont voté contre le cumul à 90%. François Hollande en a fait un engagement de campagne. Ce ne sont pas quelques élus, dont des sénateurs en particulier, qui vont pouvoir s'opposer à cette revendication populaire et militante. Le Président et le gouvernement doivent clairement prendre position. Il n'est pas besoin de créer une commisssion pour cela. Nous devons savoir rapidement ce qu'il en est de cette promesse non seulement symbolique mais vitale pour notre pays.