Les médias sont comme la feuille tombée de l'arbre. Le moindre coup de vent l'envoie virevolter ici où là. En ce moment il souffle un vent contraire contre la gauche qui vient de casser un code "sacré" autour du nucléaire, qui heurte la pensée unique de tous les médias qui sont plus ou moins dépendant des subsides d'Areva et d'un lobby nucléaire qui constitue un réseau beaucoup plus influent que n'importe quel autre réseau, y compris celui des médecins et laboratoires pharmaceutiques. C'est dire !
Sus aux irresponsables qui vont nous renvoyer au moyen-âge nous a fait comprendre Nicolas Sarkozy lors de son discours d'hier. Outre que le moyen âge était loin d'être une période aussi obscurantiste qu'on veut bien le dire, il faut avoir un sacré culot pour sortir des contre-vérités comme celle-là. Le nucléaire n'est pas l'alpho et l'oméga énergétique. Pour preuve beaucoup de pays s'en passent, et d'autres les rejoignent en nombre ces derniers temps, dont l'Allemagne, qui là ne sert plus de référence à Nicolas Sarkozy ! La bonne voie à prendre échappe à ceux qui conduisent en regardant le rétroviseur. C'est le mur qui les attend, et nous avec si on lui fait confiance. Le nucléaire n'est pas la fin de la recherche et de l'innovation énergétique, ce n'est qu'un moment d'un processus qui partout dans le monde se diversifie, sauf chez nous. On nous refait le coup du Concorde, dont on sait comment il s'est lamentablement terminé. Là, les conséquences sont bien plus importantes, pour toute la population.
La sortie du nucléaire aura des effets sur l'emploi, dit-il. Oui. Mais le maintien du nucléaire en aura aussi. On le voit d'ailleurs avec les difficultés d'Areva actuellement qui avance un plan de réduction d'effectifs compte tenu du désengagement de nombreux pays vis-à-vis de cette solution énergétique. De plus, près de la moitié des centrales actuelles vont arriver en fin de vie dans les décennies à venir, et passeront à un autre stade, mal maîtrisé d'ailleurs aujourd'hui. Si les centrales type EPR les remplacent cela nécessitera moins d'emplois. Il faudra donc de toutes façons reconvertir des emplois. C'est ce que propose l'accord EELV/PS, en anticipant, car gouverner c'est prévoir, avec un engagement de ne laisser personne sur le carreau. La réponse de Nicolas Sarkozy à la baisse d'activité, on la connaît, c'est le chômage. Il est important de souligner que le développement des énergies renouvelables en Allemagne crée plus d'emplois que ceux supprimés par l'abandon du nucléaire.
La sortie du nucléaire aurait pour conséquence une augmentation du prix de l'électricité. Probablement, mais de toutes façons le prix de l'électricité augmente, et il augmentera encore plus fortement avec la prise en compte du démantèlement des centrales en fin de vie jusqu'à maintenant ignoré dans le prix. Le prix actuel de l'électricité est donc bas par rapport aux autres pays parce qu'on n'intègre pas dedans le coût des centrales en fin de vie, et parce qu'une partie est prise en charge par l'impôt. C'est un choix aujourd'hui, il peut en être pareil demain. Cette question du coût de l'énergie est à voir aussi avec la question de la dépense énergétique qu'il faut réduire, comme de nombreux pays l'ont déjà fait, allant parfois jusqu'à une baisse de 30% de consommation énergétique. Il y a donc de la marge, et il n'est pas prouvé que le développement des énergies renouvelables provoquera un coût de l'électricité supérieur au maintien du tout nucléaire. Là Nicolas Sarkozy a sorti sa boule de cristal.
Le nucléaire assure notre indépendance énergétique, nous dit le Président de la République. Combien nous coûte l'extraction du minerai en zone sub saharienne ? Pourquoi alors au moment des pics d'hiver faisons nous appel à de l'électricité venant d'Allemagne ou d'Espagne ? Poudre aux yeux que cette affirmation qui vise à entourer d'un sentiment nationaliste et cocardier ce qui n'est qu'un argument fallacieux.
Le tout nucléaire, que nous sommes le seul pays au monde à défendre, nous mène à la catastrophe économique pour les décennies à venir. Cette position nous empêche d'investir de manière significative dans les énergies renouvelables, et nous prenons du retard sur les autres pays. Ce manque d'investissement et ce retard technologique seront deux points de faiblesse pour demain qui coûteront cher à nos enfants. Mais de cela Nicolas Sarkozy n'à que faire. Seule compte pour lui l'échéance électorale de 2012.
Le choix fait par EELV et le PS est un choix courageux. C'est un choix d'intérêt général. Réaliste parce que chacun sait que la sortie du nucléaire sera un long processus étalé dans le temps, d'autant plus qu'on ne sait pas quoi faire des déchets, à part les enfouir sous terre et attendre des dizaine de milliers d'années que les effets s'estompent ! Préparer l'avenir c'est préparer la diversité énergétique de manière significative. Aucun lobby, aucun corporatisme, ne pourra aller contre ce mouvement historique incontournable. Il revient à la EELV et au PS de le mener. Il revient aux citoyens de soutenir cette évolution.