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21 juillet 2015 2 21 /07 /juillet /2015 07:02

Les agriculteurs de nouveau dans la rue. Sans casse sérieuse (pour l’instant ?) mais toujours aussi décidés à obtenir gain de cause. Mais quoi ? Tout le problème est là. Ils ont d’abord pris pour bouc émissaire la grande distribution, mais il s’avère que cette dernière a respecté les accords décidés sous l’autorité du gouvernement. Il semblerait, et toutes les études convergent, que ce sont les abattoirs qui ne redistribuent la ristourne obtenues des grandes surfaces. Alors pourquoi les agriculteurs ne se retournent ils pas contre les abattoirs ? Mystère. Ils préfèrent revenir à leur «jeu » favori, sortir les tracteurs et exiger du gouvernement des aides.

Il y a un problème de fond aussi bien concernant le lait que la viande bovine. Les filières n’arrivent pas à s’adapter à l’évolution du marché et surtout à travailler la qualité. Entre l’extrême industrialisation à la manière des agriculteurs allemands et la volonté de rester indépendant en se cantonnant à la production, les agriculteurs français ne sont pas armés pour tenir la concurrence internationale. On peut dire que c’est de la faute à l’embargo contre la Russie, mais c’est un épiphénomène.

Pourquoi les agriculteurs qui manifestent ne s’organisent pas sur toute la chaîne de production et de distribution pour réduire les intermédiaires ? Pourquoi ne développent ils pas les circuits courts qui limitent les coûts ? Les questions de fond sont précises et ne peuvent se régler avec un ultimatum lancé à un ministre de venir sur place. Agir ainsi c’est aller vers la facilité, arracher des aides publiques pour continuer à ne rien changer et tenir quelque temps avant que le même processus revienne.

A quoi sert la FNSEA ? Cette puissante organisation syndicale n’est pas capable de porter ce débat de fond et de travailler avec toutes les parties sur les réponses à apporter aux problèmes que connaissent les agriculteurs. La FNSEA sait organiser des actions de jacquerie, ça oui, mais dans l’économie mondialisée qui est la nôtre est-ce la seule réponse à apporter aux problèmes ? Ce n’est pas parce qu’on a une grande gueule et des appuis politiciens qu’on rend service à ceux qu’on prétend défendre.

Toutes les parties prenantes doivent aujourd’hui faire leur examen de conscience, l’Etat y compris bien évidemment. Les solutions à trouver doivent régler le problème du court terme mais aussi envisager le moyen terme pour éviter de retrouver les mêmes causes qui produiront les mêmes effets. Il est facile pour un ancien ministre de l’agriculture de venir « fraterniser » avec les manifestants, alors qu’il porte une responsabilité dans la situation que les agriculteurs connaissent aujourd’hui.

Le plus mauvais service à rendre à l’agriculture serait de faire de la situation un enjeu politicien. Ce que fait la FNSEA depuis longtemps. Les y a qu’à, faut qu’on de Bruno Lemaire sont une insulte au bon sens et contraires à l’intérêt de l’agriculture et donc des agriculteurs. Il y a des responsables syndicaux, des experts des Chambres d’agriculture, des intermédiaires, un gouvernement, et c’est autour d’une table que doit se travailler cette réponse qui permettra à l’agriculture de sortir d’une gestion à courte vue pour entrer dans un développement correspondant à l’évolution du marché. Mais continuer à quémander des aides publiques pour ne pas régler le problème sur le fond, il faut que cela cesse.

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18 juillet 2015 6 18 /07 /juillet /2015 08:02

L’actualité en France baisse d’un ton avec le débat ouvert par l’ex-UMP sur l’annonce par François Hollande de l’arrestation de jeunes qui projetaient un acte terroriste. Cette annonce a soulevé une volée de critiques de proches de Nicolas Sarkozy à la mémoire courte, qu’on n’a pas entendu quand ce dernier déclarait coupable avant même son jugement une personne arrêtée. Il est vrai que Nicolas Sarkozy se considérait au-dessus de tout, y compris de la justice qui ne pouvait être qu’un bras armé de son pouvoir.

Mais ça c’était hier. Aujourd’hui on reproche au Président d’être transparent sur le terrorisme, et si cela n’avait pas été le cas, mes mêmes personnes lui auraient reproché de cacher les faits aux Français. Vous n’en n’avez pas même de ces polémiques, de ce débat politique qui vole bas ? Moi oui. Si l’opposition n’a rien d’autre à proposer que cela, il faut donc croire qu’il n’y a pas d’alternative politique en France, excepté celle du populisme et du nationalisme du FN.

Constat désolant pour notre démocratie. La faute en particulier à l’aventure personnelle d’un homme qui se croit irremplaçable et qui considère qu’il a une revanche à prendre sur les électeurs qui se sont trompés en ne l’élisant pas à la dernière présidentielle. Instrumentaliser à ce point la démocratie est grave. Personne ne peut lui dire ? Alain Juppé tente bien de hausser le niveau du débat mais il est piégé à chaque fois par les retournements de position de Nicolas Sarkozy qui n’est pas troublé par le fait de changer de position en quelques jours sur n’importe quel thème, du moment que cela lui permet de rester dans le débat médiatique et d’occulter le rôle de ses rivaux à droite.

On peut reprocher beaucoup de choses à François Hollande, d’être toujours à minima sur les réformes qu’il propose, de ne pas être assez directif en voulant trop souvent ménager la chèvre et le chou (mais est-ce un reproche ?), mais au moins il a redonné à la France en Europe et dans le monde l’image d’un pays qui se fait respecter non pas en brassant du vent mais en prenant des positions avec fermeté et constance. La gestion du dossier Grec en apporte une preuve éclatante. Or, la posture de Nicolas Sarkozy aura été de critiquer, y compris à l’étranger l’action de la France au moment des négociations. Pensez-vous, si ce n’est pas lui qui la représente comment peut-elle exister ?

Tout cela disqualifie Nicolas Sarkozy pour 2017. Pour autant cela ne donne pas un satisfecit à François Hollande. Il doit maintenant continuer l’effort de modernisation de notre économie, veiller à l’application rigoureuse de la loi Macron, et aller au bout d’une réforme fiscale qui aura été la grande absente de la première partie de son mandat. Le chômage ne va pas baisser par miracle, cette baisse sera le fruit des réformes mises en œuvre… ou ne sera pas ! Alors avant de désigner tel ou tel candidat pour la Présidentielle restons attentifs aux décisions politiques et à leurs applications. Il sera toujours temps de voir qui pourra le mieux représenter les idées de progrès et de justice sociale.

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13 juillet 2015 1 13 /07 /juillet /2015 07:34

J’avais vu juste sur les conséquences du référendum de Tsipras. Il s’est affaibli à l’intérieur, et il doit maintenant envisager de faire alliance avec la Nouvelle Droite et le Pasok, et en Europe il doit donner des gages pour retrouver la confiance des européens. Il s’est lui-même mit dans cette situation et le prix que devra payer le peuple grec en sera d’autant plus lourd entre l’obligation de faire des vraies réformes et le contrôle qui sera exercé sur la mise en œuvre de ces réformes et sur l’utilisation des aides engagées. Mais sur le fond pouvait-il en être autrement ? Non, pour n’importe quel autre cas de figure. Mais il aurait pu rester la confiance, ce qui aurait facilité les choses.

La Grèce a besoin de liquidités à court terme pour payer les salaires et pensions, et à moyen terme pour bâtir un Etat et investir dans la croissance. Ce serait une enveloppe de plus de 80 Milliards qui serait dégagé en contrepartie des réformes demandées. Finalement si ce compromis devait être signé il représenterait la meilleure chose pour que ce pays devienne un Etat moderne et prenne pleinement sa place dans une Europe qui devra tirer les leçons de cette crise. Il n’est pas sérieusement pensable de laisser tomber la Grèce, pour le peuple grec lui-même mais aussi pour l’Europe. Seuls peuvent le souhaiter des dogmatiques comme le ministre Schauble, par rigidité intellectuelle et moralisme, et tous les populistes par envie de voir la zone Euro et demain l’UE se désintégrer.

Une fois le compromis adopté, en espérant que ce sera le cas, il restera la question, cruciale, des enseignements à tirer pour qu’une telle épreuve ne se représente pas. L’UE est une entité en tant que telle et si la solidarité doit jouer pour aider les plus faibles à se renforcer, la responsabilité doit être également partagée, mère de la confiance, pour que l’ensemble européen se développe face aux autres entités économiques et politiques du monde.

Ce développement pose la question d’une intégration plus poussée, fiscalement, socialement et par conséquent politiquement. Ce n’est pas à l’interne que la concurrence doit principalement jouer mais à l’externe, avec les autres entités économiques. Ce débat il faut l’avoir dans tous les pays car il est incontournable. Les citoyens européens doivent avoir la conscience d’avoir à choisir dans un avenir proche entre une intégration plus poussée ou un statu quo qui serait en fait un refus d’Europe. Il est de la responsabilité des gouvernants des pays de l’UE de porter le débat.

Le choix d’une Europe plus intégrée implique une évolution de la gouvernance donnant plus de pouvoir au Parlement Européen, remettant en cause la règle d’unanimité, avec la mise en place d’un exécutif aux pouvoirs clairement affichés dans la diplomatie, la défense, avec une politique commune sur la fiscalité, le développement économique, et l’agriculture. Cet exécutif devra représenter l’Europe, être démocratiquement élu, et rendre compte devant le Parlement de ses actes. C’est un cadre de réflexion mais c’est bien l’enjeu du débat.

Cette intégration devra concerner en premier lieu la zone Euro, là où il peut y avoir un projet économique et politique commun. Les autres pays de l’UE peuvent être considérés comme des partenaires dans un cadre à clairement définir. Il ne peut y avoir en effet d’intégration économique et politique avec des pays qui refusent déjà de partager un projet commun aujourd’hui.

Cela s’inscrit dans l’hypothèse où un compromis est trouvé sur la Grèce. Si ce n’est pas le cas, et donc si nous allons vers un grexit, c’est l’Europe qui perdra la confiance du reste du monde sur sa fiabilité. Car derrière la crise grecque, ne nous y trompons pas, il y a un enjeu géopolitique au niveau européen déjà avec la Russie de Poutine qui espère une désagrégation de l’UE et avec le reste du monde dans l’espoir pour certains d’une main mise économique sur le vieux continent qui représente un marché de consommation à nul autre pareil.

Nous devons commencer déjà à voir l’Europe comme un pays, et non seulement comme un marché.

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12 juillet 2015 7 12 /07 /juillet /2015 08:09

C’est l’heure de vérité pour l’UE. Le dossier Grec finalement révèle les limites d’une construction européenne non aboutie qui reste un conglomérat de nations pour lesquelles l’intérêt national prime sur l’intérêt général. La règle de l’unanimité bloque toute évolution car elle fait passer l’UE sous les fourches caudines de la nation dominante économiquement. On pourrait au moins espérer que le vote du Parlement tranche les débats, sur le dossier grec comme sur les autres dossiers. Mais cela n’est pas possible. Il reste donc la loi du plus fort qui s’impose en dehors de toute règle démocratique.

Les opposants à l’UE vont triompher, les Le Pen et Mélenchon chez nous. Mais cela risque d’être une victoire à la Pyrrhus, sans lendemain, car derrière cette impuissance de l’UE se cachent les vieux antagonismes économiques, politiques qui vont resurgir et qui pourraient ne pas se cantonner à des joutes verbales. Nous n’avons rien appris de notre histoire commune. Les forces du chaos risquent de venir troubler notre insouciance estivale parce que les marchés ne se contenteront pas d’une Europe défaite, ils voudront une Europe soumise aux enjeux d’un monde débridé.

Les rodomontades d’Alexis Tsipras ne sont que le révélateur d’un état de fait, l’UE au milieu du gué se trouve sous la menace d’une vague déferlante, et au lieu de s’organiser pour réagir, les contradictions apparaissent au grand jour et chacun veut tirer son épingle du jeu sans se soucier du risque d’implosion du groupe. On pouvait espérer que l’Union Européenne pouvait se renforcer autour de la résolution de l’épisode Grec. Il n’en n’est rien, on sent poindre un éclatement de l’UE sous les divergences de réponses à apporter sur ce dossier.

Il reste un mince espoir de sauver l’ensemble, que la France et l’Italie en particulier tapent du poing sur la table pour imposer à l’Allemagne et à la Finlande entre autres nations d’assouplir leur position et pour exiger de la Grèce un vote rapide du Parlement sur les mesures du plan proposé, avec un suivi précis par les instances européennes de l’application de ces mesures. Si cela se réalise pour autant l’Europe ne sera pas sauvé, il faudra dans la foulée travailler à une intégration plus poussée de type fédéraliste pour que l’Europe ne soit plus simplement un projet, un espoir, mais devienne une réalité. Cette crise, si elle est résolue doit avoir cette vertu.

Si ce n’est pas le cas Alexis Tsipras pourra se vanter d’avoir été le fossoyeur de l’UE. Je ne doute pas que son ami Poutine l’en félicitera. Et nous reviendront à nos vieux démons nationalistes, avec un continent offert aux marchés financiers, les mains liées. Dans la quiétude estivale beaucoup vont trouver mon ton inutilement alarmiste. Mais quand l’hiver arrivera chacun se rendra compte de la réalité des choses. Nous aurons fait un rêve… .

Aujourd’hui il reste cette question lancinante, existe-t’ il un européen parmi les responsables des nations de l’UE ?

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10 juillet 2015 5 10 /07 /juillet /2015 07:37
Carmen aux Chorégies d'Orange, comme une leçon d'humanité et d'humilité

Nuit magique, comme le dit la chanson. Nuit magique à Orange où dans le cadre des Chorégies une représentation de Carmen nous était proposée. Opéra-comique en 4 actes de Georges Bizet, d’après une nouvelle de Prosper Mérimée, Carmen est un des opéras les plus joués au monde. Il a été créé le 3 mars 1875 à l’Opéra-Comique.

Le lieu d’abord. Le Théâtre antique d’Orange, construit sous le règne d’Auguste au 1er siècle par les vétérans de la IIème Légion de Jules César. Il se dit que c’est un des théâtres romains les mieux conservés au monde. Il est vrai qu’une grande partie du mur de façade témoigne de cette résistance à l’usure du temps et des hommes. Un festival s’y déroule chaque été depuis 1869, appelé d’abord « Fêtes romaines » puis « Chorégies d’Orange » à partir de 1902, puis les nouvelles Chorégies depuis 1971, qui sont un festival d’opéra et de musique classique, connu mondialement.

Le festival se caractérise par son haut degré d’autonomie financière (85%). Il est vrai que les places ne sont pas données, et il faut des filières comme celle des Comités d’entreprise pour pouvoir y accéder à un prix raisonnable. La condition de cette autonomie financière c’est de pouvoir remplir au moins deux fois sur la durée du festival les 8500 places disponibles. Chaque année le pari est tenu, mais il faut des programmes de qualité pour le réussir.

Revenons à l’essentiel, au spectacle. Carmen, c’est le thème éternel de l’amour, dans la complexité des êtres humains et des préjugés qu’ils portent en eux comme une fêlure au cœur. L’héroïne est une femme du peuple, gitane, marginale, cigarière, qui se veut libre et ne se prive pas de trouver auprès des hommes une jouissance sans entrave, ce qui heurte la morale de la bonne société de l’époque. Ce qui explique qu’à sa création cet opéra connu quelque tumulte ce qui ne l’empêcha pas de connaître de suite un grand succès.

Le thème est d’une actualité brûlante quand on voit les débats autour de l’évolution des mœurs que nous connaissons dans nos sociétés modernes. Il y a comme une leçon d’humanité et d’humilité qui s’adapte à toutes les époques. Le monde des hommes s’adapte parce qu’il évolue, comme toutes les espèces, et ce qui n’évolue pas disparaît dans la nuit des temps. Malgré cela les résistances au changement traversent le temps. C’est peut-être cela aussi qui permet que le changement ne soit pas simplement une marque de faiblesse qui conduirait à une dégénérescence fatale, mais montre sa capacité à renforcer l’espèce pour mieux affronter les temps nouveaux. C’est l’affrontement entre le moderne et l’ancien qui fait la force du progrès, car le progrès en soi ne veut rien dire.

Carmen représente à elle seule cette volonté de vivre libre, cette force de caractère qui privilégie la liberté et se moque des préjugés. Mais où mène ce qui pourrait être considéré comme de l’insouciance ? A méditer, y compris par rapport à ce qui se passe en Grèce aujourd’hui. C’est la force de la création artistique que de nous permettre de faire le lien avec le réel, avec nos propres contradictions, avec nos préjugés

Pour porter ce message, au-delà des paroles, au-delà des airs de musique, il faut des voix, et elles étaient là ce mercredi 8 juillet à 21h 45 au théâtre antique d’Orange. Voix qui portaient malgré le vent qui tentait d’en briser l’éclat. Celle de Kate Aldrich, Carmen qui se joue des hommes comme elle se joue des notes de musique dans un écho que le lieu renvoyait avec pureté. Celle de de Jonas Kaufmann, Don José, qui a bouleversé le public, et celles de tous des chœurs des Opéras d’Angers-Nantes, du Grand Avignon et de Nice, de la Maîtrise des Bouches-du-Rhône qui ont donné au spectacle une dimension artistique incontestable. L’accompagnement de l’Orchestre Philarmonique de Radio France, sous la baguette de Mikko Franck était à la hauteur de la qualité vocale. Quant à la mise en scène, pas appréciée par une partie du public, j'ai trouvé que son côté épuré laissait toute sa place aux voix et permettait ainsi une attention qui ne s'est jamais démentie au long des trois heures de spectacle.

Vous l’avez compris, une belle soirée.

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8 juillet 2015 3 08 /07 /juillet /2015 07:17

La Grèce, oui encore la Grèce… Mais cela aura une fin car les choses risquent de finir en comédie tragique. Il y a d’une part le sentiment que Tsipras joue encore la montre, sachant pertinemment qu’il ne présentera pas de propositions acceptables par les institutions européennes et la majorité des pays européens. Ce jeu commence à être insupportable et ne peut que provoquer, après l’impatience, la colère. Mais peut-être est-ce cela que cherche Tsipras, être sorti de la zone Euro sans qu’il en prenne l’initiative ? Pouvoir dire que ce sont les autres qui portent la responsabilité de cette décision et jouer sur un réflexe nationaliste en interne lui permettant non seulement de rester au pouvoir mais surtout d’envisager une stratégie de rechange, son plan B, peut-être une alliance avec la Russie de Poutine qui renforcerait ainsi sa zone d’influence un peu plus en Europe.

Je suis à peu près le seul à considérer ce scénario crédible. Cela ne veut pas dire que je le souhaite, mais au moins son mérite en retour serait d’obliger l’UE à se poser vraiment la question de sa viabilité et donc de mettre en œuvre une intégration européenne plus poussé… ou de faire une croix sur le rêve européen. La crise grecque révèle cela, la nécessité soit de franchir une nouvelle étape dans l’intégration européenne, soit de laisser se reformer des alliances antagoniques sur le sol européen qui serait basé sur le retour d’un nationalisme agressif pour les autres. C’est bien pour cela que le FN, Mélenchon et le Front de Gauche, et les souverainistes de tous bords soutiennent Tsipras. Ce scénario est porteur de problématiques qui ramèneraient l’Europe à des heures sombres de son histoire que le projet européen semblait avoir dépassé.

Politique fiction ? Peut-être. Peut-être pas. On le saura vite dès jeudi en voyant si Tsipras présente des propositions crédibles pour les autres membres de l’UE ou s’il s’amuse encore à se défausser, à demander de nouveaux délais. Certes le peuple Grec s’est exprimé, sans aucune ambiguïté, son expression vaut pour ce pays mais la Grèce fait partie d’un ensemble et son choix ne peut s’imposer aux autres membres c’est cela aussi la démocratie. Dire urbi et orbi que la dette grecque est effacée (ce qui arrivera peut-être finalement) c’est ouvrir la porte à l’effacement des dettes des autres pays, en Europe, mais aussi dans le monde. Il serait possible de faire fonctionner la planche à billets de manière intensive, mais toute chose à son revers, et demain cela risquerait de provoquer un tsunami mondial, surtout au moment où les marchés financiers asiatiques, Chine comprise, vont très mal, où le Japon voit resurgir le spectre d’une faillite.

Le monde va mal économiquement, et le pire est peut-être devant nous. Devons-nous imiter les autres et se porter malade plus que nous ne le sommes pour satisfaire l’ego d’un homme politique pour lequel on voit se dessiner un destin dictatorial, ou pour satisfaire des besoins de consommation au-delà de nos capacités financières ? Ce qui se joue dans la période est crucial pour l’avenir non seulement de l’Europe mais du monde. En France, entre les porteurs du chaos généralisé, ceux qui ne pensent qu’à profiter de la situation pour attaquer de manière politicienne le pouvoir en place en se désintéressant des enjeux géopolitiques, il y a peu d’espace pour la raison et la modération. C’est pourtant cette voie qu’il faut soutenir, parce qu’elle seule porte en elle la défense des valeurs issues de notre histoire. Elle seule peut permettre de trouver des solutions de compromis, certes, mais qui portent l’espoir de continuer à vivre dans la paix et dans la tolérance.

Est-ce trop demander que d’être raisonnable ?

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6 juillet 2015 1 06 /07 /juillet /2015 07:03

Les Grecs ont dit NON à une large majorité à un projet d’accord qui déjà la semaine dernière était caduc. Les négociations vont reprendre sur de nouvelles bases ? Ou ne pas reprendre ? C’est tout l’enjeu des contacts qui ont dû commencer dès hier soir entre les différentes parties prenantes. Pour l’instant il semble que l’Allemagne soit sur une position qui amènerait la Grèce à sortir de l’Euro, alors que François Hollande, et il n’a cessé de le répéter, est pour continuer les négociations pour arriver à un accord. La rencontre Hollande/Merkel à Paris ce soir sera déterminante pour la suite. Mais pendant ce temps que va faire Mario Draghi (BCE) ? Permettre aux banques grecques de rouvrir en apportant des liquidités ou attendre que les choses se clarifient politiquement ? Que va faire Christine Lagarde (FMI) ? Suivre l’avis des conseillers du FMI qui préconisent une restructuration de la dette grecque ou continuer à demander des réformes avant d’envisager une restructuration dans un rôle plus politique qu’économique ?

On sait bien qu’à terme la dette d’être devra être restructurée et qu’une grande partie sera effacée. Il ne peut pas en être autrement. Ce que beaucoup de responsables craignent c’est que si un « cadeau » est fait immédiatement à la Grèce sans contrepartie, cela provoque un effet domino vers des pays en Europe qui ont engagé des réformes profondes et instauré une austérité qui commencent à porter ses fruits (Espagne, Portugal, Italie). Effet domino qui pourrait se prolonger vers des pays comme la Slovaquie, plus pauvre que la Grèce et qui fait des efforts très importants pour honorer leurs engagements. C’est un risque réel que personne ne peut nier. Et que dire d’autres pays dans le monde qui se plient aux contraintes des créanciers, en particulier du FMI, et qui risquent de voir là une brèche dans un dogme contraignant, trop contraignant. C’est prendre le risque d’un bouleversement qui porterait probablement préjudice au système économique mondial sans que l’on sache où cela peut mener.

Certains à la gauche de la gauche et à la droite de la droite souhaitent en arriver à cette extrémité. C’est la porte ouverte au chaos. Et personne ne sait sur quoi cela pourrait déboucher. Ce n’est pas pour rien que la coalition grecque est composée de Syriza et d’un parti souverainiste d’extrême droite. Ce n’est pas pour rien que l’on constate en France que se retrouvent dans le soutien inconditionnel à Tsipras le Front de Gauche et le FN, ainsi que tous les souverainistes de gauche et de droite, chacun espérant l’emporter dans le chaos qui suivrait un grexit (une sortie de la Grèce de l’Euro). Dans ce contexte il n’y a pas d’alternative, il faut un accord avec des concessions réciproques. La démission de Yanis Varoufakis, ministre des Finances, annoncé il y a quelques minutes, qui avait traité hier les créanciers de terroristes, est un signe plutôt positif dans la perspective d’une reprise de dialogue.

Mais ce qui vient de se passer doit servir de leçon à l’Europe. Elle ne peut plus rester avec une organisation politique aussi peu démocratique dans une économie aussi libéralisée. Il faut avancer vers une intégration plus poussée, en particulier dans les domaines fiscaux, sociaux et politiques, quitte à faire deux cercles, l’un comprenant la zone euro avec une organisation et des règles propres à ses membres et l’autre composé des pays de l’UE dans un ensemble plus hétéroclite et moins soumis à la solidarité. Car ce qui est en jeu c’est la solidarité entre les pays, comme il y a dans nos pays une solidarité entre régions. La politique doit reprendre la main sur l’économie et ne peut plus rester confinée dans chaque Etat.

Les peuples sont-ils prêts à cette avancée ?

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4 juillet 2015 6 04 /07 /juillet /2015 06:53

Les enfants nés par GPA à l’étranger doivent avoir leur identité transcrite dans l’état civil en France. C’est ce que la justice vient d’ordonner. Il ne s’agit en aucune manière de revenir sur l’interdiction de la GPA sur le territoire français, mais de reconnaître une réalité, l’existence de ces enfants de parents français, qui vivent et étudient en France. J’entends d’ici les cris d’orfraie de celles et ceux qui sont contre toute évolution des mœurs, que l’on retrouve pour beaucoup dans les rangs des anti-IVG, des opposants au mariage pour tous, au PACS avant même. Celles et ceux qui mettent en avant l’idéologie, la croyance religieuse, avant de prendre en compte la dimension humaine, les réalités.

La GPA est une marchandisation d’un être humain, c’est pour cela que j’y suis opposé, mais quand des enfants sont là on ne peut les punir des actes de leurs parents en leur refusant une reconnaissance d’identité. Quant à la question de l’information à leur donner sur leur origine, cela n’est pas différent de la situation des enfants adoptés. Les enfants adoptés sont-ils plus fragiles, plus déséquilibrés que les autres ? Bien sûr que non. Le bon sens et la raison doivent nous guider dans ces situations, non les références à la Bible ou au Coran. Voulons-nous vivre comme on vivait au temps de ces écrits ?

Il faut dépassionner ces débats sur les mœurs et les questions sociétales. Nous sommes un des rares pays où l’activisme religieux et une idéologie archaïque arrivent à troubler les débats de société au point de diviser profondément la société. Au pays des Lumières et de la laïcité cela paraît bien incompréhensible. Par quel mécanisme intellectuel nous sommes nous fait prendre dans ces débats qui nous déchirent tant ? Peut-être parce que nous oublions l’humain, le fait que face aux idées préconçues il y a des réalités de vie. Nous sommes devenus un des peuples les plus réactionnaires dans le rapport aux questions sociétales.

Sur la légalisation/dépénalisation de l’usage du cannabis, sur le droit à mourir dans la dignité, sur la PMA pour les couples homosexuels, sur l’usage de la prison non comme rédemption mais comme vengeance, nous sommes à la traîne des pays européens et occidentaux. Nous sommes au niveau de la Russie, presque au niveau des pays sous dictature ou sous domination religieuse. Ne valons-nous nous pas un peu mieux que cela, au vu de notre histoire, au vu de nos valeurs républicaines ? Je reste persuadé que oui. Aussi nous devons collectivement accepter de débattre de tous ces thèmes, et de bien d’autre, en toute sérénité, sans en faire à chaque fois une question de vie ou de mort de la société.

Cers débats ne sont pas réservés aux seuls politiques ou « experts », ils sont partagés par tous les citoyens, et c’est dans ce cadre qu’ils doivent se mener. Ayons confiance dans notre capacité à dialoguer, à argumenter, avec le souci que l’humanité progresse vers plus de solidarité et de tolérance. Sur cet objectif là je suis convaincu qu’une majorité de citoyens peut se retrouver.

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2 juillet 2015 4 02 /07 /juillet /2015 06:50

Alexis Tsipras se prend les pieds à son propre jeu et Angela Merkel profite de cela pour acculer le peuple Grec à un choix qui dans tous les cas sera perdant pour lui. Christine Lagarde du FMI en profite aussi pour arrêter toute négociation dans l’espoir de mettre à genoux les grecs après un référendum dont ils ne peuvent pas sortir vainqueurs. Oui, il y a des « enfants » dans ce jeu de dupes et ils sont de tous les côtés. Ils viennent de mettre la Grèce et l’Union Européenne dans une spirale infernale qui ne peut mener qu’au désastre.

Certes la Grèce n’est pas indispensable en Europe, mais l’Europe prend un grand risque en la rejetant car demain cela peut modifier la donne géopolitique, et l’Europe risquerait alors de payer un prix politique qu’on a peut-être du mal à imaginer aujourd’hui. La Grèce rejetée par l’UE pourrait se tourner vers la Russie pour constituer une tête de pont qui pourrait remettre en cause un équilibre fragile entre le projet européen et l’expansionnisme russe.

C’est peut-être de la politique-fiction, mais les responsables politiques européens et le FMI devraient réfléchir un peu plus avant de se crisper sur des positions dogmatiques et péremptoires. Il ne s’agit pas de céder aux exigences de Tsipras qui est politiquement irresponsable, mais de ne pas s’aliéner le peuple grec. Jouer la rigidité dans la gestion de ce dossier c’est se donner le mauvais rôle pour aucun gain politique. On peut être ferme sur les principes et souple sur les modalités de mise en œuvre. On peut être intelligent au lieu d’être buté.

Angela Merkel l’a emporté en particulier contre la ligne proposée par François Hollande qui aurait permis à toutes les parties de sauver la face en reprenant la négociation toutes affaires cessantes avant même la tenue du référendum. La politique du pire est toujours la pire des politiques. Le citoyen lambda que je suis peut se sentir agacé par les positions du gouvernement Grec qui joue l’avenir de son peuple et de son pays avec une certaine désinvolture. Un responsable politique doit pouvoir élever son niveau de réflexion pour prendre en compte les enjeux à moyen et long terme.

L’Europe souffre de n’être même pas une confédération d’Etats, la manière dont est géré le dossier grec ne va pas rapprocher les citoyens d’un projet européen déjà bien ébranlé dans l’esprit des habitants de l’UE. Ce n’est pas la Grèce qui compte pour moi, elle peut refuser les règles communes, elle devra en assumer demain les conséquences, c’est l’Europe qui m’importe. En faisant de la Grèce un problème et non pas une solution nous portons atteinte à l’idée même de l’Europe.

Si derrière le rejet de la Grèce il y avait une volonté d’intégration plus poussée, la mise en place d’un gouvernement européen démocratique et des règles communes fiscales, sociales, politiques, on pourrait considérer qu’il y a là un mal pour un bien. Mais je ne vois rien venir du côté d’une volonté d’intégration plus importante. Il reste des acteurs qui « surjouent » dans une pièce mal écrite.

L’Europe ne vaut-elle pas mieux que cela ?

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30 juin 2015 2 30 /06 /juin /2015 07:37

Alexis Tsipras joue le destin de son pays à pile ou face. Oui ou non à un référendum préparé en quelques jours, qui joue donc plus sur l’émotion que sur la réflexion. Prisonnier de ses engagements de campagne, des contraintes économiques et de la rigidité des financeurs institutionnels, il a préféré sortir d’une négociation qui s’enferrait pour rebattre les cartes. Dans quel espoir ? Quitter l’Euro et peut-être de fait de l’UE ? Cette solution serait pire pour le peuple grec qui se verrait plongé dans un processus de perte de pouvoir d’achat, avec pour un long moment le refus des marchés de financer ce pays. La Russie pourrait-elle remplacer les financements européens ? C’est possible, mais il faudra beaucoup d’argent et pour longtemps pour permettre à la Grèce de sortir du trou budgétaire et financier qui est le sien. Et le pays n’échappera pas à l’obligation de se réformer structurellement en profondeur. En résumé la victoire du non loin de résoudre les problèmes va les aggraver.

La victoire du oui n’apporterait pas une réponse différente que celle qui est donnée aujourd’hui par l’Europe, si ce n’est qu’elle amènerait un changement à la tête du pays, car je ne vois pas Alexis Tsipras rester au pouvoir s’il subit un tel désaveu électoral. La Grèce ne sortirait donc pas pour autant de ses difficultés. On peut juste penser que les responsables européens seraient enclins à plus de souplesse avec un nouvel interlocuteur. Et c’est là que la proposition de DSK prend tout son sens. Ne plus donner d’aides financières à la Grèce, lui permettre pendant deux ans ce qu’on pourrait appeler un moratoire sur les remboursements, sachant que de toute façon la Grèce ne pourra jamais rembourser l’ensemble de sa dette. C’est une solution de bon sens que l’Europe et le FMI aurait dû mettre sur la table lors des négociations que la Grèce a rompu unilatéralement.

Trop d’idéologisme nuit à la raison. L’Europe et le FMI ont été trop stricts, incapables de formuler une proposition innovante pour sortir d’une problématique qui était verrouillée depuis plusieurs mois. Et face à cet idéologisme européen, Tsipras a opposé un idéologisme populiste et nationaliste. Le concert des populistes européens s’est fait entendre à l’unisson hurlant haro sur les marchés, alors que les marchés ne prêtent plus à la Grèce depuis belle lurette, car c’est l’UE, les Etats de l’UE, donc les peuples européens qui financent le salaire des fonctionnaires grecs et les pensions des retraités, ainsi que le remboursement des échéances à l’Europe et au FMI. Le mensonge ne peut tenir lieu de vérité longtemps.

Ainsi jean Luc Mélenchon entre deux larmoiements sur les attaques qu’il subit dans son propre camp, qui ne sont rien par rapport aux propos injurieux et blessants qu’il distille tous les jours contre les membres du gouvernement, déclare de façon péremptoire à Maïtena Biraben dans le « Supplément » sur Canal+, que l’Europe s’oppose à ce que la Grèce fasse payer des impôts aux armateurs. Mensonge, qui arrange Mélenchon dans un raisonnement automatique et stéréotypé qui veut que l’Europe porte tous les maux et Tsipras tous les bienfaits. Il peut courir derrière Syriza et Podemos il ne les rattrapera jamais. Personne dans son entourage ne peut lui dire qu’il est has been, à côté de la plaque ? Encore englué dans ses habits de notable apparatchik il voudrait se faire passer pour un politique nouveau. Personne n’est dupe. Le fait que les armateurs soient dispensés d’une grande partie des impôts dont ils seraient redevables est inscrit dans la constitution grecque. Pour le changer il faudrait une majorité, qu’il n’a pas. Voilà la réalité ! C’est sur ce thème qu’il devrait faire un référendum d’ailleurs s’il voulait réellement mettre en place une justice fiscale dans ce pays.

Pour gérer ce dossier il faudrait de tous côtés un peu moins de rigidité idéologique et un peu plus de raison. L’UE a raté le coche, ses négociateurs devraient se remettre en question car nul ne sait ce que seraient les conséquences d’un Grexit, c’est-à-dire d’une sortie de la Grèce de l’Euro et probablement dans la foulée de l’UE. Financièrement et budgétairement les conséquences seraient moindres pour les peuples de l’UE que pour le peuple Grec, c’est sûr. Mais les conséquences politiques sur l’avenir de l’Europe seraient probablement à haut risque pour la zone Euro et l’UE. Il est vrai que l’Europe a toujours progressé dans les crises, mais il suffit d’une fois pour remettre tout en question. Nous souffrons d’un manque d’intégration fiscale, politique, économique, la réalité de ce que sont les Etats montre les limites du projet européen tel qu’il existe aujourd’hui.

Les peuples européens sont-ils prêts à aller plus loin dans l’intégration européenne ? Aucun gouvernement, d’aucun Etat n’a travaillé à cela.

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