Le terrorisme a encore frappé. Et nous n’en n’avons probablement pas fini avec lui dans la période à venir. Doit-on céder et cesser de le combattre en Afrique ? Doit-on laisser la Tunisie seule dans sa démonstration que la démocratie est bien une valeur universelle ? Doit-on laisser le salafisme, qui est une vision fondamentaliste de la religion, se développer y compris dans notre pays ?
Ces questions sont légitimes quand on voit comment certains responsables politiques en France, à l’extrême droite et à droite profitent de la situation pour développer des polémiques politiciennes contre le gouvernement. Elles sont légitimes à se poser aussi quand on constate que beaucoup de nos concitoyens en profitent pour amalgamer la religion musulmane à ces actes terroristes d’intégristes religieux, qui se servent de la religion pour oppresser les populations.
C’est comme si nous avions rejetés les pieds noirs dans les années 60 au nom du terrorisme de l’OAS. Comme si nous avions condamné la religion catholique dans son ensemble au nom des actes de pédophilie pratiqués par quelques religieux. Et on pourrait multiplier les exemples ainsi. Il faut donc raison garder et faire la part des choses. Ce n’est pas la religion musulmane qui est en cause, c’est l’interprétation qu’en font des fous de Dieu qui se servent de la religion pour imposer un pouvoir absolu.
L’ennemi des terroristes religieux c’est la démocratie, c’est la liberté, c’est la laïcité. Ne nous trompons pas de combat au risque de succomber à la folie destructrice, qui est tout à fait comparable à celle que nous avons connu dans les années 30 et qui s’appuyait sur la haine des juifs pour imposer la dictature. Nous n’avons pas mené le débat d’idées, nous avons laissé se développer des discours qui portent la haine et la négation des droits humains.
Je suis athée et pourtant je dis qu’il ne faut pas faire d’amalgame entre ceux qui portent un projet fasciste et ceux qui veulent vivre leur croyance dans le respect des règles démocratiques. Faire cet amalgame c’est renforcer le terrorisme, c’est lui donner raison. J’exhorte mes compatriotes à ne pas tomber dans ce piège grossier. Il faut mener le combat des idées que nous avons abandonné depuis quelque temps dans la jouissance du progrès matériel et dans le souci de nos petits intérêts égoïstes. La réalité nous revient en boomerang.
Il faut combattre le terrorisme ici et à l’extérieur avec tous les moyens que nous donnent le système démocratique, y compris des moyens exceptionnels encadrés. Nous sommes dans une vraie guerre, une guerre contre la haine, contre l’obscurantisme, pour la liberté d’expression et de croyance ou de non croyance. Nos démocraties n’échapperont pas à la nécessité d’intervenir militairement contre les armées terroristes. Il faut en avoir conscience.
Il faut espérer que contrairement à ce qui s’est passé au début de l’invasion terroriste en Syrie, les grandes démocraties sauront se réunir pour mener ce combat. Avec la mondialisation financière il y a la mondialisation des esprits. Les terroristes salafistes l’ont compris. Et nous, les démocraties du monde, combien de temps nous faudra-t’ il pour le comprendre ?