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28 juin 2015 7 28 /06 /juin /2015 07:54

Le terrorisme a encore frappé. Et nous n’en n’avons probablement pas fini avec lui dans la période à venir. Doit-on céder et cesser de le combattre en Afrique ? Doit-on laisser la Tunisie seule dans sa démonstration que la démocratie est bien une valeur universelle ? Doit-on laisser le salafisme, qui est une vision fondamentaliste de la religion, se développer y compris dans notre pays ?

Ces questions sont légitimes quand on voit comment certains responsables politiques en France, à l’extrême droite et à droite profitent de la situation pour développer des polémiques politiciennes contre le gouvernement. Elles sont légitimes à se poser aussi quand on constate que beaucoup de nos concitoyens en profitent pour amalgamer la religion musulmane à ces actes terroristes d’intégristes religieux, qui se servent de la religion pour oppresser les populations.

C’est comme si nous avions rejetés les pieds noirs dans les années 60 au nom du terrorisme de l’OAS. Comme si nous avions condamné la religion catholique dans son ensemble au nom des actes de pédophilie pratiqués par quelques religieux. Et on pourrait multiplier les exemples ainsi. Il faut donc raison garder et faire la part des choses. Ce n’est pas la religion musulmane qui est en cause, c’est l’interprétation qu’en font des fous de Dieu qui se servent de la religion pour imposer un pouvoir absolu.

L’ennemi des terroristes religieux c’est la démocratie, c’est la liberté, c’est la laïcité. Ne nous trompons pas de combat au risque de succomber à la folie destructrice, qui est tout à fait comparable à celle que nous avons connu dans les années 30 et qui s’appuyait sur la haine des juifs pour imposer la dictature. Nous n’avons pas mené le débat d’idées, nous avons laissé se développer des discours qui portent la haine et la négation des droits humains.

Je suis athée et pourtant je dis qu’il ne faut pas faire d’amalgame entre ceux qui portent un projet fasciste et ceux qui veulent vivre leur croyance dans le respect des règles démocratiques. Faire cet amalgame c’est renforcer le terrorisme, c’est lui donner raison. J’exhorte mes compatriotes à ne pas tomber dans ce piège grossier. Il faut mener le combat des idées que nous avons abandonné depuis quelque temps dans la jouissance du progrès matériel et dans le souci de nos petits intérêts égoïstes. La réalité nous revient en boomerang.

Il faut combattre le terrorisme ici et à l’extérieur avec tous les moyens que nous donnent le système démocratique, y compris des moyens exceptionnels encadrés. Nous sommes dans une vraie guerre, une guerre contre la haine, contre l’obscurantisme, pour la liberté d’expression et de croyance ou de non croyance. Nos démocraties n’échapperont pas à la nécessité d’intervenir militairement contre les armées terroristes. Il faut en avoir conscience.

Il faut espérer que contrairement à ce qui s’est passé au début de l’invasion terroriste en Syrie, les grandes démocraties sauront se réunir pour mener ce combat. Avec la mondialisation financière il y a la mondialisation des esprits. Les terroristes salafistes l’ont compris. Et nous, les démocraties du monde, combien de temps nous faudra-t’ il pour le comprendre ?

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17 juin 2015 3 17 /06 /juin /2015 08:48

Des milliers de migrants meurent pendant la traversée de l’Afrique vers l’Europe, victimes de passeurs mafieux qui profitent des situations de guerre civile et de misère économique pour faire un business honteux. Certes, il y a eu des périodes où le mouvement migratoire en Europe était plus important, mais il n’en reste pas moins que les réflexes de peur, d’inhumanité se développent sur le continent européen de manière très inquiétante.

En France ceux-là qui vilipendaient la ministre de l’Education parce que soi-disant la période des Lumières n’était pas obligatoire dans la réforme des programmes, montrent une indifférence, quand ce n’est pas un mépris pour tous ces migrants. Des Lumières ils n’ont rien retenu ! L’idéologie tient lieu d’analyse, la peur de sentiment, et l’hypocrisie de ligne politique. C’est une honte pour notre histoire et notre culture.

Que peut-on faire alors ? Se mobiliser de toutes les manières possibles pour que les droits humains fondamentaux soient respectés. A l’image de toutes celles et tous ceux qui apportent aide et soutien au quotidien aux migrants. Mais il faut faire plus. Nous devons interpeller sans relâche les gouvernements de nos pays, l’Europe en tant qu’entité politique, et s’adresser à la conscience de chacun pour que la compréhension remplace l’indifférence, la fraternité la peur, l’humanité le repli égoïste et nationaliste.

Les mouvements de population sont une réalité sur notre terre depuis que les êtres humains y sont apparus. Les français, même ceux qui se disent de « souche » sont le fruit d’un immense brassage humain, comme tous les habitants de tous les autres pays. Que seraient les australiens si les autochtones de l’époque avaient repoussés les migrants d’alors ? Ces australiens qui aujourd’hui paient les passeurs mafieux pour faire rebrousser chemin aux embarcations des migrants.

Nous avons la mémoire courte et la bêtise à fleur de peau. Et ce n’est pas en s’enfermant dans des frontières qu’on voudrait infranchissables qu’on résoudra le problème. L’histoire nous enseigne qu’aucune forteresse, aucune ligne « maginot » n’ont empêché les invasions. Aucune frontière n’a jamais arrêté les mouvements migratoires. Il nous faut donc faire appel à notre intelligence pour trouver une réponse humaine et politique, qui prenne en compte la situation des migrants et qui se soucie des contraintes que nous avons en France et en Europe.

Il y a des réponses à court terme et à long terme. Pour le court terme nous devons mettre en place des conditions d’accueil et de suivi administratif qui soient respectueuses de l’être humain. Et chaque pays en Europe doit y prendre sa part, ou alors les pays qui refuseraient se mettraient en marge de l’Union Européenne, avec toutes les conséquences qui en découleraient. Ce n’est pas facile je sais parce que nous n’avons pas une Europe politique intégrée du fait du refus de la constitution européenne, mais il suffirait que le Parlement et la Commission de Bruxelles prennent une décision solennelle en ce sens. L’Europe ne peut pas être un fourre-tout, elle doit maintenant s’affirmer comme politique et non plus seulement comme un marché ouvert à la finance.

Les réponses de long terme sont évidemment plus difficiles à mettre en place. Elles nécessitent une conscience politique européenne qui s’inscrive dans la durée, et un partenariat économique et politique avec les pays africains qui ont un fonctionnement démocratique. Pour ce qui concerne les autres pays il faudra soutenir les pays africains dans la gestion démocratique des crises politiques et économiques, dans le suivi respectueux des conditions de distribution et de répartition des aides financières, et dans les interventions militaires contre les terroristes et autres dictateurs en puissance.

C’est donc bien sur une logique de partenariat qu’il faut travailler, avec des clauses précises pour éviter ce qui se fait actuellement, c’est-à-dire l’accaparement des aides pour des familles au pouvoir, le détournement pour des intérêts privés. C’est un travail de long terme. Nous avons commencé à le faire, en ce qui concerne la France, au Tchad, au Mali, mais on ne sent pas l’Europe présente au moins pour nous soutenir si ce n’est pour intervenir.

En France le gouvernement ne doit pas céder devant le terrorisme idéologique des nationalistes qui sont restés à une vision napoléonienne de l’Europe qui ne peut être que française ou ne pas être. Il ne doit pas céder devant la pensée qui se veut unique, véhiculée par les Soral, Zemmour, Finkielkraut, Houellebecq et autres intellectuels, reprise par le FN, une grande partie de la droite et du centre, et aussi à gauche, sur la peur du grand rassemblement qui verrait les musulmans s’imposer et dicter leur loi. Cela rappelle la peur du juif des années 30, on sait sur quoi ça a débouché.

Il faut donc du courage au gouvernement et aux français pour ne pas tomber dans ces pièges, et pour mettre en avant la fraternité sans pour autant faire fi du contexte économique, politique et social que nous connaissons. Ce n’est pas une situation facile à gérer, certes, mais c’est dans ces moments que nous pouvons voir la force de nos valeurs issues des Lumières ou au contraire leur inanité. C’est dans les crises que tout prend du sens. Le combat des idées prend donc aujourd’hui tout son sens, ce n’est pas le moment de céder du terrain aux obscurantismes religieux de tous ordres, aux nationalismes de tous poils. Il nous faut porter la victoire de l’intelligence sur la bêtise. Le gouvernement de ce point de vue doit clarifier sa position.

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15 juin 2015 1 15 /06 /juin /2015 06:58

Les adhérents du PS dans les Pyrénées-Orientales viennent d’élire Ségolène Neuville à la tête de la Fédération. Elle en a probablement les capacités. Le problème c’est que ce vote reflète la difficulté qui est celle du PS, ici et nationalement, à se renouveler et à faire évoluer ses pratiques. Ségolène Neuville est au gouvernement, Secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion, cela doit lui prendre un peu de temps quand même. Elle devra maintenant ajouter à ses activités celle de responsable de la Fédération PS du 66. Et je ne parle pas des autres mandats et responsabilités qu’elle doit assumer.

Moi je veux bien tout ce qu’on veut, mais je constate que nous sommes très loin d’avoir réglé le problème du cumul des mandats et responsabilités. Ce cumul porte en lui plusieurs défauts. Celui d’abord de centraliser sur une personne un maximum de pouvoirs, ce qui développe une des plaies de notre démocratie, le clientélisme. Celui aussi de donner aux appareils politiques un contrôle sur la démocratie interne qui nuit à une véritable vie démocratique. Enfin, dernier défaut, celui d’empêcher le renouvellement des responsables et des équipes, en faisant de la responsabilité politique un métier, ce que ne doit pas être l’exercice d’un mandat électif.

Nous avons les élus que nous méritons. Quand on voit que sont élus des personnes jusqu’au moment où se referme le couvercle de leur cercueil, ou que sont élus des personnes condamnées dans l’exercice de leur mandat, ou engagées dans des procédures judiciaires qui certes ne remettent pas en cause la présomption d’innocence, mais devraient inciter ces personnes à se consacrer à leur défense. Les torts sont donc partagés entre l’avidité de pouvoir de responsables politiques et l’incapacité d’une grande partie du corps électoral à analyser objectivement les faits. Mais comme ne votent majoritairement que les « clients » d’un tel système, on ne doit pas s’étonner de la difficulté à le remettre en cause.

Notre pratique démocratique a besoin de se rénover. J’ai eu l’impression pendant la campagne présidentielle que François Hollande s’y était engagé. J’ai peut être mal compris ou alors il est trop timoré sur cette rénovation, à tel point que rien ne change au bout de trois ans de mandat. C’est dommage car l’application stricte du non-cumul ouvrirait une nouvelle page à notre démocratie. Une démocratie dont l’opinion publique s’éloigne de plus en plus, faisant le constat de son incapacité à répondre aux mutations sociologiques, politique, et économique que nous connaissons, et devons subir, faute d’avoir la capacité à les maîtriser du fait d’un fonctionnement politique ringard.

Je reste persuadé que sur le sujet du non-cumul des mandats, seul un référendum permettrait de trancher, car comment demander à ceux qui profitent du cumul de le supprimer ? Si François Hollande et le gouvernement veulent restaurer la confiance des citoyens dans la politique, mobiliser beaucoup d’électeurs qui s’abstiennent par dégoût du jeu politique, ils ont l’occasion de le faire avec un référendum sur ce sujet. Saisiront ils cette occasion ?

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11 juin 2015 4 11 /06 /juin /2015 07:49

Le buzz médiatique sur le voyage à Berlin de Manuel Valls continue malgré les justifications données par le gouvernement et le Président de la République, confirmées par Michel Platini en personne. Même la pitoyable exhibition de Vincent Lambert filmée par des « amis » sur le site de « Familles Chrétiennes », sans l’accord de Vincent Lambert, accompagné des commentaires des avocats de Civitas, cette organisation intégriste catholique, qui sont aussi ceux de la mère, n’a pas réussie à éteindre le buzz tellement les médias tiennent un « os » qu’ils veulent ronger jusqu’au bout.

Les propos des responsables de l’ex-UMP qui ont connu des entorses grossières aux règles républicaines sont doublement choquants. Même François Fillon a donné de sa personne, lui qui devrait plutôt faire profil bas, mais que voulez-vous faute d’avoir des idées qui rencontrent l’adhésion des électeurs il faut bien faire parler de soi. Alors le buzz continue. Pas une interview avec un responsable politique qui ne commence par ce voyage à Berlin. Trop c’est trop. Le seul que je n’ai pas entendu (encore ?) sur ce thème c’est Nicolas Sarkozy, mais il est en Israël où il s’est livré à une attaque en règle contre la diplomatie française sur le conflit Israélo-palestinien. Ce qui n’a choqué personne chez ses amis que la France soit attaquée ainsi à l’étranger.

Cet engouement pour ce voyage amène à faire quelques constats. Il y a une exigence de transparence vis-à-vis des élus et responsables politiques plus importante qu’avant. C’est légitime. C’est une bonne chose. Manuel Valls en a d’ailleurs tiré les conséquences en déclarant qu’il prenait à sa charge le déplacement de ses enfants. Pas la sienne puisqu’il était en déplacement officiel.

Autre constat, les règles doivent être précisées et connues concernant cette question de l’utilisation des moyens de transports du gouvernement et du Président, prenant en compte la nécessaire sécurité. En effet un voyage sur ligne régulière aurait peut-être coûté plus cher compte tenu du nombre de gardes et de l’assistance médicale qui s’imposent pour tout déplacement officiel.

Que dire des journalistes qui bénéficient des avions présidentiels ou ministériels pour exercer leur métier. Les médias doivent-ils prendre en charge ce coût ? Ces mêmes médias qui n’arrêtent de dénoncer le manque de sécurité autour du Président et qui dans le même temps contesteraient la protection pour ce cas-là. Un peu de bon sens et de rigueur intellectuelle devrait ramener cette affaire à de justes proportions. Son seul mérite aura été de constater cette exigence de transparence de la part de nos concitoyens, ce qui laisse supposer que demain on ne verra plus des gens se faire élire ou réélire alors qu’ils sont sous le coup de procédures judiciaires ou de condamnations ! Car chacun doit balayer devant sa porte et tiré les leçons pour son propre compte.

Je soupçonne d’ailleurs quelques médias déçus d’un Congrès PS qui n’a pas offert de buzz, de déchirements permettant de faire la une, de s’être vengé en mettant un effet de loupe sur cette affaire. Je suis mauvaise langue ? Non, je connais un peu le milieu journalistique. Maintenant que l’opération médiatique a réussi, que Manuel Valls en a tiré la leçon, il serait temps que les médias mettent en une les sujets qui le méritent compte tenu de l’état du monde, et que l’opposition, en particulier l’ex-UMP, soit porteuse d’un projet alternatif crédible qui a du mal à émerger, tant les dissensions sont grandes dans le parti « Les Républicains » qui succède à l’UMP.

Et pendant ce temps-là François Bayrou a vu la vierge, non pardon il a vu la vie chez Vincent Lambert. Bravo, quel homme ! Il renvoie à leurs études la quarantaine de juges , toutes instances confondues qui ont abouti à la décision de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, et toute la cohorte des plus grands spécialistes médicaux et experts qui ont conclu à l’irréversibilité de l’état de Vincent Lambert. Il est vrai que le footballeur Jean Pierre Adams est dans un tel état depuis plus de 30 ans. Espérons que la mère de Vincent Lambert vivra assez longtemps pour l’accompagner jusqu’au bout, sachant que on peut maintenir en état végétatif un corps quasiment éternellement. Triste affaire qui nous révèle la survivance de croyances religieuses qui veulent dénier à l’être humain son intelligence.

Notre monde est vraiment déboussolé.

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8 juin 2015 1 08 /06 /juin /2015 09:53

Le Congrès du PS a confirmé le vote des adhérents. Le réformisme l’emporte, actant ainsi une évolution, qui fut certes lente, vers un parti qui reconnaît les réalités du monde sans pour autant renier ses convictions. C’est un exercice difficile, et il reste deux années au gouvernement et au Président de la République pour démontrer que cela est possible et efficace. Il est vrai qu’il est plus aisé de sortir les sempiternelles litanies des idéaux coupés de toute réalité qui réconfortent mais n’apportent pas de réponse parce que sans prise sur le concret.

Pour apporter une fausse note il ne manquait que l’irruption sur la scène médiatique de celui qui avait dit arrêter la politique, et qui n’arrête pas d’envoyer des « cartes postales », copiant en cela Nicolas Sarkozy. On prend les références qu’on peut. Cet énergumène médiatique qui n’ose pas affronter les militants du PS et préfère l’écrit qui permet de se défouler sans risque, c’est Arnaud Montebourg, accompagné Mathieu Pigasse, dont on se demande ce qu’il est venu faire dans cette aventure.

Ces deux-là ressortent les clichés, posent les questions qui vont bien aux réponses qu’on a dans son sac. Ainsi Montebourg espère ne pas se faire oublier par les médias, avec l’espoir que les citoyens se souviendront de lui suffisamment pour rendre crédible une éventuelle candidature à la prochaine présidentielle. N’est pas De Gaulle qui veut. Et surtout il y eut un temps où quand les étudiants et les militants de gauche allaient travailler pour être près du peuple ce n’était pas dans les bureaux directoriaux mais sur les chaînes à Renault.

Cette aventure ne soulève aucune passion, elle permet juste aux médias de continuer à faire leur buzz quotidien. Arnaud Montebourg ne représente rien aujourd’hui, si ce n’est une vision passéiste du monde qu’il n’arrive pas à faire passer pour de la modernité. Ce n’est pas avec lui que le pays trouvera les réponses aux questions que se posent les français. Chacun est conscient que la politique suivie par le gouvernement demande du temps pour porter ses fruits, sauf les idéologues enfermés dans leurs idées qu’ils veulent immuables.

Il restera donc un Congrès réussi parce qu’il confirme l’adhésion au réformisme. Même l’erreur, car s’en est une, du voyage apparemment aux frais de l’Etat de Manuel Valls pour assister à la finale de la coupe d’Europe à Berlin, n’arrivera pas à gâcher la fête. Il y a encore des progrès à faire dans la séparation entre les activités officiels et celles du privé. Si les contraintes de l’agenda du 1er Ministre impliquaient de ne pouvoir prendre une ligne régulière, encore faudrait-il qu’il rembourse le coût du voyage.

Vive le PS qui assume ses responsabilités de parti de gouvernement.

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5 juin 2015 5 05 /06 /juin /2015 07:01

François Hollande se déclare prêt à s’engager un processus dans le cadre d’un projet de loi constitutionnelle, permettant la ratification de la Charte européenne des langues régionales. Une promesse faite dans son programme présidentiel. Cette promesse implique une modification constitutionnelle parce que le Conseil constitutionnel avait jugé la Charte contraire à la Constitution, en 1999, au principe que « la langue de la République est le français ». Il avait donc le choix entre un référendum ou une ratification par le Congrès (réunion des deux assemblées en une session commune). C’est le Congrès qui sera appelé à ratifier, ou pas, cette Charte. Quand on sait la propension qu’ont les français à répondre dans un référendum à une question qui n’est pas posée, c’est une sage décision.

Je vois d’ici les réactions scandalisées de certains qui vont voir dans l’application de cette Charte un démantèlement de la France, une atteinte à notre histoire et à notre culture. Je vois d’ici celles et ceux, politiques et intellectuels qui signent tous les jours des pétitions contre le soi-disant abandon du latin et du grec au Collège, et qui vont crier au scandale devant cette attaque sans nom contre la langue française. Comme si le fait de reconnaître l’existence de langues régionales portait en soi la négation de la langue de la République. Raccourci rapide d’idéologues qui sautent sur tout ce qui bouge, car par définition pour eux, ce qui bouge c’est la porte ouverte au désordre.

Arrêtons de nous faire peur dans des combats qui n’ont pas de sens. La majorité des pays d’Europe appliquent cette Chartre sans que leur unité nationale n’ait été mise en cause. Les langues régionales c’est une richesse culturelle et historique. Elles sont la preuve vivante de ce que nous avons été et elles constituent un pont entre le passé et l’avenir que la langue française cimente, parce qu’elle en est le fruit. Il y a un mouvement historique lié à la constitution de grands ensembles territoriaux politiques que provoque la mondialisation, qui est une recherche d’identité locale, de racines. Les langues régionales en sont l’expression. Pour autant elles n’ont pas vocation à remplacer la langue française, qui est celle de la République.

Nous avons du mal à accepter la mondialisation dans un mouvement de peur et de manque de confiance en nous-mêmes. Nous aurons probablement du mal à accepter la reconnaissance des langues régionales. Cela nous promet de beaux débats pour les mois à venir ! L’occasion, une fois de plus de vérifier que le clivage gauche/droite sur ce point aussi est inopérant. Il y a d’un côté les progressistes qui veulent s’ouvrir au monde d’aujourd’hui et au monde d’hier, et les conservateurs qui ont peur de tout ce qui bouge, par principe, et qui se complaisent dans ce qui est, qu’ils voudraient immuable.

On sait tous que le monde est une suite sans fin d’évolutions, de ruptures et de reconstructions. Notre époque n’échappe pas à cette loi humaine. Espérons que les forces du progrès l’emporteront sur les forces de l’immobilisme.

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2 juin 2015 2 02 /06 /juin /2015 08:26

Le chômage continue de grimper, alors même que la croissance pointe son nez. Beaucoup d’observateurs disent ne pas comprendre. Mais c’est si le chômage baissait maintenant alors que la reprise ne fait que démarrer que cela serait incompréhensible. Sortons des querelles politiciennes pour s’intéresser à la logique des choses.

Tous les économistes s’accordent à dire qu’il faut au moins 1% de croissance pour que cela ait une influence sur le taux de chômage. Nous n’y sommes pas encore. Au risque d’en choquer quelques-uns je considère même que l’économie est encore en sureffectif compte tenu de la période que nous avons connu et dont nous commençons tout juste à sortir. Ce qui veut dire que les entreprises n’ont pas licencié comme elles auraient pu le faire, ce qui est plutôt un signe encourageant.

Les plans et mesures gouvernementales en faveur des entreprises ont donné l’occasion de limiter les licenciements, et ont favorisé le maintien d’une structure économique en capacité de rebondir avec le retour à la croissance. La priorité aujourd’hui pour beaucoup d’entreprises c’est de reconstituer les marges et de se préparer à investir de nouveau. L’emploi sera la conséquence de cela.

Les aides au chômage que beaucoup trouvent excessives permettent de limiter la casse sociale, d’en amortir les conséquences humaines. C’est un des mérites de notre système. S’il venait demain à être supprimé les effets sur les populations touchées seraient catastrophiques et provoqueraient probablement une révolte sociale avec des conséquences politiques que nous avons du mal à envisager mais qui pourraient déstabiliser notre système politique et social tout entier.

Le retour à une reprise de l’emploi va donc être progressif, trop lent pour beaucoup, d’autant qu’il faut que les conditions externes liées à l’Euro et au coût de l’énergie restent favorables. Nous sommes encore au milieu du gué, et même si le plus dur est fait il ne faut pas réduire l’effort. C’est pour cela que les réformes engagées doivent continuer, réformes qui constituent l’élément interne pour le retour à la croissance.

Ces réformes ne sont pas des réformes à la Cameron, dont on voit aujourd’hui les effets en grande Bretagne avec une augmentation phénoménale de la pauvreté, un nombre de travailleurs pauvres qui ne cesse lui aussi d’augmenter. La santé florissante de la City n’arrive plus à cacher cette réalité et on voit poindre les prémices d’un ultra nationalisme qui n’annonce rien de bon pour ce pays.

Il nous faut donc rester cette ligne de crête avec courage et obstination, une ligne qui consiste à aider les entreprises, donc les salariés qui en sont parties prenantes, et à maintenir un niveau élevé de protection sociale pour limiter les effets sociaux et humains de la crise. Le gouvernement démontre que nous pouvons le faire tout en s’attaquant à la dette et au déficit.

Maintenant il y a des points qui doivent mobiliser les pouvoirs publics, pour asseoir de manière pérenne la reprise. La réforme de la formation professionnelle reste à faire. Il faut aller plus loin. Il y a trop de financeurs et de gestionnaires, et ils ont des critères d’attribution trop divergents et sans rapport avec la réalité du marché du travail. Pourtant il y a beaucoup d’argent pour la FP, mais cet argent est mal utilisé. Les critères administratifs l’emportent sur la réalité des parcours. Les chômeurs ne bénéficient pas assez de cette manne financière qui va principalement aux salariés. Or, toutes les analyses, les prospectives, les constats d’ici et d’ailleurs, montrent que la reprise s’accompagnera d’une demande de qualification des demandeurs d’emploi. Et c’est maintenant qu’il faut travailler à cela.

Autre point, une nécessaire évolution de Pôle Emploi, organisme trop administratif, pas assez opérationnel de terrain. La polyvalence ne favorise pas la compétence sectorielle. La centralisation trop poussée de la structure ne permet pas la prise d’initiative locale. Il faudrait des équipes pratiquement autonomes, une relation forte vers l’entreprise, et réduire la prégnance en terme de budget temps des rendez-vous stéréotypés, sans enjeu, parce que répondant à une logique administrative. Les nouvelles technologies doivent favoriser un recentrage des agents sur l’opérationnel de terrain et non sur le respect de contraintes administratives.

Enfin, dernier point sur lequel les pouvoirs publics devraient se pencher, une refonte des aides aux entreprises, en les simplifiant et en les regroupant, pour transformer l’équivalent du montant des sommes en réelle baisse des charges pour toutes les entreprises, ce qui supprimerait les effets d’aubaine et les optimisations fiscales et autres cumul d’aides qui faussent la libre concurrence.

Voilà des chantiers, et il en reste d’autres, qui participent de l’accompagnement à la reprise et qui doivent donner la garantie que le retour à la croissance et la baisse à venir du chômage s’inscriront dans la durée.

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1 juin 2015 1 01 /06 /juin /2015 07:11

L’Europe à la croisée des chemins, c’est sûr. La période qui s’ouvre va voir la Grèce capable ou pas d’honorer ses dettes et de se réformer, et le référendum britannique qui s’annonce va donner la mesure de l’ambition de l’Union Européenne sur le continent européen. Ces deux évènements ne sont pas liés, pour autant sur le fond ils touchent à la même problématique de crise dans laquelle un défi est lancé à l’Europe, celui de s’adapter à de nouvelles réalités, de trancher sur la question de savoir s’il faut plus ou moins d’intégration. Et une partie de la réponse à ces questions repose dans la confiance ou pas que les peuples européens ont dans l’Europe et dans ce qu’elle représente.

On pourrait, dans une analyse simpliste et unilatérale, considérer que ces deux pays qui posent problème n’ont plus leur place dans l’UE et que nous devons continuer à vivoter avec une démocratie européenne qui demande toujours à être confirmée, avec un égoïsme national qui empêche tout processus d’intégration plus poussée, avec une concurrence interne aux pays de l’UE qui fait que la croissance des uns fait la crise des autres. Bref, on connaît les problèmes, on refuse de travailler aux solutions. Et surtout, on ne fait pas confiance aux peuples.

Il y a deux réalités à l’Europe. Les pays qui sont dans l’EURO, et ceux qui n’y sont pas. C’est pour cela que la situation de la Grèce et celle de Londres ne sont pas identiques, même si elles expriment une crise générale ressentie par les européens. Si demain la Grèce quitte l’euro ce sera un jeu perdant/perdant pour les deux parties, au moment où la croissance revient sur le continent et au moment où la politique financière et économique de l’UE commence à évoluer avec une BCE qui a enfin saisi l’importance de jouer un rôle de soutien à l’économie, à l’instar de ce que font toutes les banques centrales.

La France n’est pas pour rien dans cette évolution du rôle de la BCE, et l’opiniâtreté discrète de François Hollande a finalement payé. C’est un choix d’avancer ainsi plutôt que de taper publiquement sur la table, de menacer urbi et orbi. Les médias n’ont donc pas fait de gros titres, mais le résultat est là, c’est ce qui compte. La France peut servir d’exemple à l’Italie, à l’Espagne, à la Grèce pour constituer non pas un front du refus, un groupe de blocage, mais pour être un groupe de proposition, pour l’évolution nécessaire de l’UE vers plus de démocratie, plus d’intégration.

De ce point de vue, contrairement aux chimères belliqueuses d’un Jean Luc Mélenchon qui voudrait attiser la haine contre l’Allemagne de Merkel, il faut au contraire se rapprocher de l’Allemagne dans un débat permanent sur ce qu’est l’UE aujourd’hui et sur ce qu’elle doit être demain. Les choses ont commencé à bouger, ce n’est donc pas le moment d’arrêter le débat. Il faut même l’animer, l’ouvrir aux citoyens européens, car si l’idée européenne est en perte de vitesse dans les peuples européens c’est parce que les citoyens européens ont le sentiment d’être tenus à l’écart, de ne pas être écouté, de ne pas avoir la main sur la construction européenne.

S’il n’y a pas un changement de fonctionnement en Europe pour donner la parole aux peuples, l’idée européenne sera demain une idée morte. Le projet de référendum lancé par Cameron porte en lui un bon et un mauvais aspect. Le bon, c’est la volonté de donner la parole aux citoyens. Le mauvais c’est de le faire en prônant une intégration à minima, c’est-à-dire se cantonner aux échanges commerciaux, et encore, limités, et ne toucher en rien à la souveraineté nationale, ne pas aller vers une intégration politique et sociale plus poussée.

Ce côté nationaliste est à l’opposé de ce que la globalisation du monde nous impose quand on voit comment les choses s’organisent sur notre planète. Les Anglais font partie de la zone d’influence américaine et ne veulent pas avoir à choisir entre deux entités dont ils veulent continuer à tirer bénéfice de l’une et de l’autre. C’est leur problème. Ce n’est pas semble-t-il celui des Ecossais en particulier qui ne quitterait pas l’UE si Londres votait pour le retrait. Cameron fait le forcing pour que Londres finance moins l’UE mais continue à en tirer bénéfice. Ce sont ces comportements égoïstes, ultra nationalistes dont il faut se débarrasser si on veut faire de l’UE une zone capable de s’insérer dans la mondialisation et d’en tirer bénéfice.

La question qui se pose alors c’est de savoir si tous les pays de l’UE doivent se retrouver pour mettre en place une intégration plus poussée ? Pas nécessairement. C’est bien là que se situe le vrai débat européen. C’est sur ce point que les peuples doivent être partie prenante. L’élection au Parlement européen n’a pas été l’occasion, malheureusement, de lancer ce débat. Il revient aux Etats qui en ressentent la nécessité de le faire dans les instances actuelles (Parlement, Commission) et auprès des citoyens de leurs pays respectifs, en menant une campagne de débat largement ouverte.

S’il reste des européens convaincus en Europe parmi les responsables politiques, c’est maintenant qu’ils doivent le faire savoir, et s’organiser pour lancer un tel débat. Un débat de ce type ne peut rester enfermé dans les bureaux de la Commission, dans les réunions de travail du Parlement, il doit être un débat politique public. C’est à ce prix que l’idée de l’Europe pourra retrouver vie et sens auprès des citoyens européens. C’est à travers cette démarche que la question grecque doit s’inscrire, comme celle de Londres. Le train de l’Europe ne repassera peut-être pas une seconde fois. Il faut saisir l’opportunité qui nous est offerte.

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30 mai 2015 6 30 /05 /mai /2015 06:25

Exit l’UMP, bonjour Les Républicains. Nicolas Sarkozy a obtenu gain de cause, provisoirement devant la justice car l’affaire doit encore être jugée sur le fond, et électoralement avec une approbation à 80% des adhérents de l’ex-UMP sur un peu moins de 50% de votants. Pour autant les soucis financiers sont toujours là malgré le changement de nom. Les problèmes politiques aussi. Le changement de nom est une opération de marketing politique pour faire croire à un nouvel élan, et rompre avec le passé (magouilles financières, dépassement de compte de campagne, défaite à la présidentielle).

Sitôt le nouveau nom adopté par les militants Nicolas Sarkozy a lancé un appel à tous les républicains de France à la rejoindre. Cela confirme bien qu’il y a une appropriation privée du terme pour un intérêt partisan politicien. Tous les français sont républicains, sauf les royalistes et les anarchistes. Pour autant tous les français ne sont pas conservateurs et réactionnaires. Après les meetings stand up de Nicolas Sarkozy on a droit à l’opération poudre aux yeux pour nous faire croire qu’il y a les républicains (lui) et les autres (le PS, le PC, le PRG, EELV, etc…), qui ne doivent pas être républicains !

Ce cirque médiatique est navrant, ce spectacle politique pitoyable. On pouvait espérer mieux dans le contexte actuel d’un pays qui doit se rassembler pour sortir de la crise par le haut. Faute de pouvoir proposer une politique alternative autre que le remake de celle qui l’a mené à la défaite électorale, Nicolas Sarkozy fait de l’agitation, il joue le comique, il provoque une situation de confusion politique et de trouble sémantique. Ce constat me provoque dégoût et rejet. J’espère mieux pour mon pays que cette caricature de la politique.

Après le discours de rassemblement et de confiance dans la France et les français du Président de la République au Panthéon, on tombe bien bas avec ces pitreries de collégiens d’un homme qui doit prendre un jet privé payé par son parti pour aller tenir meeting au Havre, alors que sa voiture arrive à vide de Paris pour le réceptionner à l’avion et l’amener à la salle de spectacle, 2 kilomètres de l’aéroport, et retournera à vide à Paris ! Derrière les pitreries rien n’a changé dans les comportements de cet homme. Ou s’il a changé c’est en pire.

Triste constat donc. Et il prétend redresser la France ? Elle se redressera bien sans lui !

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28 mai 2015 4 28 /05 /mai /2015 07:46

Il y a ceux qui veulent privatiser la République et ceux qui l’honorent. Le discours de François Hollande hier au Panthéon a été un moment particulièrement émouvant pour celles et ceux qui ont été formé dans leur engagement citoyen par la leçon des résistants, comme moi. Ce fut aussi un moment de pédagogie pour les jeunes générations par le rappel de ces engagements citoyens. Ces quatre résistants sont différents par leur parcours, semblables par leur combat. Ils n’ont pas cherché la gloire, mais l’honneur. Ils n’ont pas cherché à tirer profit de leur engagement, mais ils ont fait don de leur personne à la cause qui les animait.

Le Président de la République a eu raison de faire le lien entre cette époque de chaos d’où est surgie la lumière des résistants de tous horizons et de toutes origines, et la situation d’aujourd’hui. Parce que cette période fait encore partie de notre histoire vécue, et parce que les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous devons en tirer leçon pour aujourd’hui et pour demain. Ce pont historique posé avec cette période doit nous amener à réfléchir au sens de notre engagement, aux conséquences de nos prises de position et de nos actions. En cela ce discours est un appel à l’intelligence humaine.

Je sais bien qu’en ces temps troublés il y a facilement confusion entre une chose et son contraire, qu’il y a désordre des esprits, peur et manque d’assurance. Ces temps font la part belle aux populismes de toutes sortes, à la démagogie, au repli sur soi et à la recherche de boucs émissaires. De nombreux intellectuels et responsables politiques se font le porte-drapeau de cette situation. Au lieu d’en analyser les causes et d’en mesurer les conséquences, ils se complaisent dans une apologie du déclin, dans une nostalgie destructrice, et dans un défaitisme qui n’a d’égal que la peur qu’ils ont de l’humanité.

Le discours d’hier était donc là pour nous rappeler qu’au milieu du désastre militaire, du triomphe de l’antisémitisme, de la défaite des idées de progrès, du retour de la barbarie, des femmes et des hommes ont su se mettre debout, peu nombreux mais tellement déterminés, pour relever le défi de redonner vie à la République, de porter haut et fort les valeurs de liberté, d’égalité, et de fraternité. Les temps ont changé, le fond des choses reste le même. Aujourd’hui, en plus des idéaux républicains d’alors, nous devons porter haut et fort la laïcité comme le ciment indispensable qui donne force et vigueur aux idéaux républicains.

Il y a dans la vie politique des moments qui sortent de l’ordinaire, qui remettent les choses à leur place, loin du débat politicien quotidien fait de buzz, de petites phrases, d’hypocrisie. Nous avons vécu hier un de ces moments dont la force résidait dans l’appel à la résistance contre les idées qui pervertissent la République, dans l’appel aussi au rassemblement dans la diversité de ce que nous sommes pour construire une société en adéquation avec les valeurs dont nous nous revendiquons. Puisse ce moment s’inscrire dans le temps actuel et dans ceux à venir.

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