Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Rechercher

31 janvier 2015 6 31 /01 /janvier /2015 09:18

La victoire électorale de Syriza en Grèce va obliger l’Union Européenne à repenser son fonctionnement et son projet. Les années que nous venons de connaître ont vu que l’Euro pouvait résister à une crise financière qui s’est développée sous de multiples formes. C’est un satisfecit pour cette monnaie. En même temps il est devenu flagrant que l’Europe politique, faute d’une intégration politique, sociale et fiscale plus poussée n’est pas à niveau par rapport à la finance mondialisée. Résultat nous sortons lentement de la crise financière, au prix d’une austérité généralisée, plus ou moins forte selon les pays, et cette austérité débouche sur la déflation, la pire des choses en économie.

Cela pose frontalement la question des dettes en Europe. C’est cette question que met sur la table la victoire de Syriza en Grèce. Il y a les facilités. Dire qu’il ne faut pas payer les dettes, ou dire qu’il faut en respecter les engagements et le rythme de manière aveugle. Avec ces deux positions on va vers la désintégration européenne, la fin d’un immense espoir né au lendemain de la guerre. On peut reprocher beaucoup de choses à la construction européenne, et je ne suis pas le dernier à le faire. Mais s’il y a une chose que l’on doit reconnaître c’est que cette construction européenne a favorisé un développement économique et social d’après-guerre qui a profité à tout le monde, et qui a fait de l’Europe une entité qui compte dans un monde qui s’est globalisé. L’Euro est une monnaie qui s’est imposée dans les échanges internationaux.

Mais il manque la traduction politique de cela. Aussi nous en sommes à subir les injonctions d’Angela Merkel qui voit le développement de l’Europe à travers un prisme national qui n’est plus en phase avec ce qu’est de fait l’Europe aujourd’hui, c’est-à-dire un ensemble qui cherche une cohérence et une homogénéité. L’Europe au lieu d’être un ensemble qui se renforce de la complémentarité des pays qui le composent est un lieu de concurrence entre ces pays, dont l’Allemagne et quelques autres tirent profit, au détriment des autres. Aujourd’hui il faut de la solidarité en Europe, il faut de la convergence d’intérêts, il faut un esprit commun.

C’est tout l’enjeu de la période qui s’ouvre. Saurons nous tirer force de nos différences ou allons-nous sombrer dans un chaos généralisé qui dissoudra toute velléité d’intégration européenne dans un magma nationaliste et populiste qui fera de la majorité des pays européens des pays asservis soit à l’ensemble dollar, soit à l’ensemble yuan, soit encore à l’ensemble rouble qu’on voit s’agiter à l’est. Car c’est bien là qu’est l’enjeu profond de ce qui se passe actuellement. On voit bien les affinités politiques très fortes des populistes de droite et de gauche vers la Russie. On voit l’attirance des nostalgiques de la droite traditionnelle vers un néo-libéralisme qui nous mettrait à la merci des USA. Et il y a tous les autres qui sont prêts à se vendre au plus offrant, celui qui assurera une économie stabilisée, même si c’est au prix d’un régime autoritaire, pour ne pas dire plus, au prix de la liberté individuelle et collective donc. Nous sommes sortis d’une telle séquence, pitié ne laissons pas à nos enfants cette perspective !

C’est toujours dans les crises que l’Europe a su réagir, se construire. Au-delà des impatiences et des scepticismes. C’est toujours dans la souffrance que les idées de rassemblement l’ont emporté sur les idées de repliement. Mais cela ne se fait pas tout seul. Il faut une volonté, il faut des hommes qui représentent cette aspiration à plus d’Europe. Les premiers contacts entre Tsipras et la Troïka ne sont pas très encourageants de ce point de vue. Espérons que la tournée européenne que va entreprendre ces prochains jours Alexis Tsipras ouvrira d’autres perspectives avec un homme qui, contrairement à ce que disent beaucoup de responsables politiques ici et ailleurs, n’est pas un partisan de la remise en cause de l’Euro et du projet européen.

Le peuple Grec demande plus de solidarité, l’étalement de la dette pour favoriser une relance économique et aller vers la croissance. Des choses que nous réclamons depuis l’élection de François Hollande. Emmanuel Todd, Jean Luc Mélenchon, Marine Le Pen et beaucoup d’autres se réjouissent d’une perspective de démantèlement de l’Euro et de l’Europe, moi je pense au contraire que c’est un signe annonciateur d’années sombres pour nos pays européens. Le gouvernement Français a préféré obtenir par des négociations discrètes de jouer avec le temps pour relancer la croissance sans renier la parole. Les marchés approuvent cette manière de faire, la preuve en est dans le bas niveau des taux d’emprunt.

Le peuple Grec a préféré taper sur la table, mais il est vrai qu’il connait une austérité depuis des années qui n’a rien à voir avec celle que nous pouvons connaître ici. Deux méthodes, une même réalité, il faut actualiser le traité de Maastricht à la lumière de réalités nouvelles, il faut reprendre la réflexion sur le Traité constitutionnel qui manque tant aujourd’hui pour faire avancer une Europe plus intégrée, favoriser l’harmonisation fiscale et réduire la concurrence économique entre les pays européens. Le Traité de Lisbonne, avorton du Traité constitutionnel a cassé la dynamique politique qu’ouvrait le Traité constitutionnel et a favorisé la mainmise de la finance mondiale et des théories néo-libérales sur nos économies.

Nous devons nous ressaisir. L’Europe n’est pas le problème, c’est la solution. Gardons-nous d’Angela Merkel, gardons-nous des populistes de tous bords, et retrouvons l’esprit des pères fondateurs de l’Europe.

Partager cet article
Repost0
26 janvier 2015 1 26 /01 /janvier /2015 09:17

Syriza a gagné les élections législatives en Grèce et manquerait de deux sièges la majorité absolue. Il lui faudra donc envisager une coalition pour gouverner. Mais ce qu’il faut retenir surtout de ce résultat c’est que Syriza a fait disparaître la gauche traditionnelle et que le parti fasciste Aube dorée confirme un bon score en confirmant sa place de troisième parti de Grèce, mais loin derrière Syrisa. Ce résultat est historique pour la Grèce parce qu’il va remettre en cause la soumission aux règles imposées par la troïka (UE – FMI – BCE) que les partis traditionnels n’ont su contestées. Le peuple Grec a payé un lourd tribut en acceptant ce diktat avec des taux d’intérêt qui au lieu d’aider à la reprise l’ont empêché. Et il advint ce qui devait advenir, la situation au lieu de s’améliorer s’est aggravée.

Ce résultat est historique aussi pour l’Europe car il va falloir revoir la manière dont l’UE conçoit son fonctionnement et sa vision économique, et plus je pense, les règles fiscales, sociales et dont les pays européens se sont dotés, ou l’absence justement d’une grande partie de ces règles. On ne remerciera jamais assez le peuple Grec d’avoir favorisé cette remise à plat des choses. L’intransigeance d’Angela Merkel ne pourra pas résister à cette poussée populaire, surtout si l’Italie, l’Espagne et la France font entendre leur voix dans ce concert nouveau qui exige des mesures qui ne se réclament pas exclusivement du néo-libéralisme, mais qui prennent en compte une nécessaire solidarité et un partage plus juste des efforts. Le vote grec sonne le glas d’une certaine manière de concevoir le développement de l’Europe.

Maintenant ne nous y trompons pas. Syriza et son leader Alexis Tsipras ne sont pas des va-t’en guerre qui veulent la destruction de l’Europe et le retour au nationalisme ou à une vision primitive du communisme version URSS revue et corrigée par des convertis de fraîche date type Jean Luc Mélenchon, ou des nostalgiques romantiques type Marie Noëlle Linneman. Le programme présenté par Alexis Tsipras est clair : une renégociation de la dette, pas son annulation, le maintien dans la zone Euro et dans l’UE, l’augmentation du pouvoir d’achat par des augmentations de salaire et des retraites, la gratuité médicale, bref, une programme très social-démocrate, même, osons le, social libéral à la Hollande.

C’est un programme pragmatique, pas idéologique encore moins dogmatique. Dénoncer les excès de la Finance, ce n’est pas refuser la Finance. Syriza ne jette pas l’Europe aux orties, ni l’Euro. On verra ce qu’il en est exactement, si les armateurs et l’Eglise paient, enfin, des impôts ! Le vote des Grecs est une aspiration à la justice sociale, à l’égalité, à la solidarité. Et d’ores et déjà nous pouvons en tirer des leçons pour nous et pour l’Europe. Pour nous c’est le signe qu’il faut peut être arrêté de se battre en solo contre les tenants du néo libéralisme qui ont pris l’UE en otage. Jusqu’à maintenant chaque pays jouait solitaire dans sa lutte contre les excès bureaucratiques et le dogmatisme de Bruxelles fortement soutenus par Angela Merkel qui ne voulait pas déroger à un dogmatisme sacro-saint. Il s’agit maintenant de jouer solidaire.

L’Espagne, puis la France, et l’Italie s’y sont cassé les dents sans succès à mener chacun dans son coin sa contestation de la rigidité dogmatique de l’Europe. Le vote du peuple Grec montre une aspiration populaire, et oblige aujourd’hui tous ces pays à unir leurs efforts. François Hollande va se sentir moins seul face à Angela Merkel. Ce vote est l’occasion historique de reprendre le processus d’intégration européenne abandonné depuis le rejet du projet de Traité constitutionnel, dont on voit maintenant qu’il avait peut-être plus d’avantages que de défauts, d’autant que les défauts ont été repris dans le Traité de Lisbonne, et les avantages laissés sur le bord de la route. N’oublions pas de remercier Nicolas Sarkozy et le gouvernement de l’époque pour leur contribution à cette action néfaste!

L’UE doit se remettre au travail dès ce matin pour reprendre la main sur son histoire. Les dernières mesures de la BCE pour acheter de la dette sont un premier point d’accroche pour réenclencher un processus. Le résultat des élections en Grèce confirme qu’il y a une volonté populaire pour soutenir ce mouvement. Je ne doute pas que les Italiens, les Espagnols et les Français dans leur immense majorité souhaitent également que les choses changent en Europe. Même le peuple allemand échaudé par la résurgence d’un mouvement raciste et fasciste en son sein, doit se rendre compte que les excès d’une politique financière et le refus d’une intégration européenne plus forte produisent des effets non souhaités.

Il est encore temps de stopper la désagrégation européenne et le retour aux solutions du passé qui ont déchiré l’Europe il n’y a pas si longtemps. La leçon que nous donne le peuple Grec ce n’est pas moins d’Europe c’est plus d’Europe.

Partager cet article
Repost0
21 janvier 2015 3 21 /01 /janvier /2015 07:58

Manuel Valls a parlé vrai et fort hier lors de ses vœux à la presse. Les journalistes ont été surpris par les propos du Premier ministre, peu habitués à ce que les choses soient appelées par leur nom. Les parlementaires et les responsables politiques n’ont pas manqué de réagir, certains pour approuvé les propos, d’autres pour les trouver choquants. Il est temps aujourd’hui d’arrêter de se voiler la face devant une réalité que l’on refuse de voir et encore plus de nommer depuis trop longtemps. Les propos de Manuel Valls ont le mérite de nous obliger à regarder les choses en face.

Oui, il y a une ségrégation territoriale dans nos villes, où des quartiers entiers sont « réservés » de fait aux citoyens les plus modestes, chômeurs et travailleurs pauvres qui se trouvent entre eux, avec si peu d’espoir de sortir de ce « ghetto », surtout dans cette période de crise. Cela dure depuis très longtemps, avec la complicité de nombreux élus, des commissions d’affectation des logements sociaux. Il n’y a qu’à voir les difficultés pour appliquer la loi sur la mixité sociale dans nos villes, petites ou grandes, où certaines villes préfèrent payer pour ne pas avoir à mettre en œuvre la mixité sociale.

Oui, il y a un « apartheid » social qui se creuse encore plus avec la crise. Il y a de fait deux sociétés, celle des gens qui peuvent vivre de leur salaire ou/et de leur revenu, comprenant aussi ceux qui vivent complètement des rentes de toutes sortes, et il y a les gens qui ne peuvent vivre correctement de leur travail ou qui ne trouvent pas de travail et doivent compter sur les aides publiques pour survivre. Et en plus ceux-là sont soumis à la vindicte des gens qui ont réussi et qui les accusent d’être des parasites, d’être des assistés. Comment ceux qui n’ont rien à perdre pourraient ne pas se révolter contre cela ? Et certains voudraient encore réduire les aides publiques, mais que cherchent-ils ?

Oui, il y a un « apartheid » ethnique, car les gens aux revenus modestes ou inexistants ne sont pas seulement relégués dans les mêmes territoires, ils sont de plus très souvent regroupés par ethnies. C’est un échec complet de l’intégration que ressentent celles et ceux qui sont au-delà du périphérique pour reprendre une expression souvent employée. Comment s’étonner que le communautarisme se développe ? Comment s’étonner que la religion apparaisse comme un moyen de dépasser sa triste réalité ? Les faits sont là, c’est la réalité. Nous devons en prendre conscience pour apporter les bonnes réponses.

Alors Florian Philippot du FN peut trouver ces propos « irresponsables » et « insultants » en déclarant qu’on ne peut mettre la France sur le même plan « qu’un régime infâme que le monde entier en son temps a condamné ». Surprenante déclaration qui révèle une courte mémoire ou plutôt une déformation de l’Histoire, ce qui est habituel au FN où on n’hésite pas à refaire l’Histoire pour qu’elle cadre avec une grille de lecture préétablie. Je me souviens de l’apartheid en Afrique du Sud, et contrairement à ce que dit Monsieur Philippot, il n’y avait pas alors unanimité pour condamner l’apartheid, loin s’en faut. Et notamment vos prédécesseurs à l’extrême droite, mais pas que, qui soutenaient sans vergogne l’apartheid en Afrique du Sud. Vous êtes le fils de ceux-là, que vous le vouliez ou pas.

Aujourd’hui donc certains préfèrent s’offusquer plutôt que de voir la réalité en face, jouer sur les mots pour éviter le débat de fond. « Couvrez ce sein que je ne saurais voir ». Mais les faits sont têtus. Notre responsabilité aujourd’hui c’est de voir les problèmes tels qu’ils se posent pour envisager les réponses à y apporter. Cela prendra du temps car on ne reviendra pas sur des décennies d’errements d’un coup de baguette magique. Il doit y avoir consensus national sur ce thème qui est si déterminant pour notre avenir. Si ce n’est pas le cas il faut mener sans faiblir le débat d’idées pour que l’emporte la volonté de rassembler contre la volonté de diviser, de segmenter.

Le discours de Manuel Valls est un discours républicain, progressiste, et humaniste. Il nous appelle à réfléchir sur la manière de pratiquer le vivre ensemble en tirant les leçons des erreurs. Il met en avant la citoyenneté comme l’élément fédérateur pour rassembler tous les citoyens. Pour cela il faudra du courage politique. Il en a, il le montre. Il faudra aller encore plus loin dans la volonté de réduire les inégalités, pour faire que ceux qui se considèrent aujourd’hui citoyens de seconde zone du fait de leur croyance, de leur pauvreté, de leur origine, se sentent demain français à part entière. Nous avons les valeurs de référence pour cela, notre devise républicaine enrichie de la laïcité. A nous de les faire vivre.

Partager cet article
Repost0
17 janvier 2015 6 17 /01 /janvier /2015 08:07

Il faut voir maintenant au-delà de l’émotion. Pour certains il va falloir redescendre sur terre, qui croyaient qu’un souffle populaire de cette importante allait changer la donne, comme par miracle, et qu’un unanimisme allait apparaître, unissant le peuple français et ses élites vers des jours sans nuage. Cet état n’existe pas. Ce n’est pas le fonctionnement normal d’une société démocratique parce que la démocratie c’est la diversité des opinions, le débat, et la majorité qui l’emporte. Il n’y a que les sociétés autoritaires et les dictatures pour se parer d’unanimisme. Certains voudraient que nous prenions ce parti-pris d’une société où tous marcherions au même pas, dans la même direction. Mais c’est illusoire et angélique que de penser ainsi. Et derrière l’illusion et l’angélisme se cachent la dictature.

Nous restons une démocratie, qui est un système loin d’être parfait mais qui permet la liberté dans tous ses aspects, dont la liberté d’expression, pour ce qui ne relève pas de la justice. Qui permet aussi la diversité, non comme objectif en soi mais parce qu’elle permet l’enrichissement humain et intellectuel, et favorise la tolérance et le respect de l’autre. Cela ne veut pas dire que tout est autorisé. Nos sociétés de tous temps ont évolué, parfois régressé souvent progressé, il ne s’agit donc pas de figer les choses dans le temps une fois pour toutes mais de permettre que les choses évoluent dans un mouvement le moins brutal possible. C’est pour cette raison que nos sociétés moderne se veulent réformistes et non révolutionnaires parce qu’on a déjà connu le prix à payer pour les changements brutaux.

Le mouvement des sociétés dans le monde est difficile à coordonner parce que les histoires des unes et des autres ne sont pas les mêmes, les développements ne sont pas parallèles, les leçons tirés varient d’un pays à l’autre. C’est un défi que de vouloir marcher d’un même pas, et ce défi n’est pas à notre portée. Nous devons donc accepter des différences de rythme dans l’appropriation des valeurs qui ont vocation à l’universalité. L’une d’entre elles est la laïcité, une valeur fondamentale parce qu’elle permet de prendre en compte les croyances qui existent dans un moment donné, dans un espace donné et de permettre qu’elles s’expriment sans empiéter sur la marche de la société. Beaucoup de nos concitoyens sont encore marqués par la prédominance d’une religion sur les autres et désirent, de fait, hiérarchiser les droits de l’une par rapport aux autres. Ils se trompent de temps, d’époque. Il faut comprendre que de nos jours la religion n’est pas ce qui permet de faire société, c’est un rapport de l’être humain à lui-même et à son histoire, ce n’est en aucune manière ce sur quoi la société doit s’organiser.

Le monde musulman pour une grande partie des croyants connait une vague régressive sur le plan des idées qui fait que la religion sert à organiser la société parce qu’il n’y a pas, plus du moins depuis longtemps, d’expérience démocratique. La religion a remplacé toutes les structures sociales et politiques. Ce qui s’est passé dans certains de nos quartiers abandonnés par la République pour une population rejetée dans des « ghettos ». L’occident, souvent, a soutenu dans ce qui est le monde musulman aujourd’hui des pouvoirs corrompus, dictatoriaux, nuisant ainsi à l’image de la démocratie. Nous payons ainsi des décennies de mépris, de répression contre des populations qui n’ont eu que la religion comme refuge. Il faudra du temps pour changer la donne. C’est possible, on le voit en Tunisie, même si c’est encore fragile.

Alors au lieu de désigner l’islam comme notre ennemi, montrons que la religion musulmane peut s’intégrer dans une société moderne. Le rêve de certains dans nos sociétés dites modernes de revenir à l’époque des croisades est une aberration qui ne peut conduire qu’à des catastrophes humanitaires, qu’à des guerres sans fin. Ne nous laissons pas abuser par ces va-t’en-guerre qui sèment la haine et récoltent le sang. Tirons les leçons de ce que nous avons connu. Un défi nous est lancé, de trouver les réponses pour que nos sociétés vivent en paix, dans le respect et la tolérance. La laïcité est le ciment pour cela, et il faut accepter que les principes religieux ne s’imposent qu’à ceux qui y croient, pas à la société. C’est vrai pour le monde musulman, c’est vrai aussi pour toutes les autres religions, juive et chrétienne également. S’il est une leçon à retenir c’est celle-là. Et la France de Voltaire et des Lumières dans ce monde troublé a un rôle particulier à jouer. Le Président et le gouvernement, ainsi que l’immense majorité de la classe politique ont été à la hauteur des évènements ces derniers jours, à l’exemple d’une immense majorité du peuple français.

Partager cet article
Repost0
15 janvier 2015 4 15 /01 /janvier /2015 09:44

Le souffle populaire n’est pas retombé que déjà la petite politique politicienne réapparaît. Avant déjà elle paraissait puérile, mais aujourd’hui en plus elle parait pitoyable. C’est le FN qui transforme une marche à Beaucaire en meeting politique xénophobe et qui cherche toujours à faire de la laïcité une arme exclusivement contre l’islam. Ce sont quelques membres de l’UMP qui ressortent les mêmes clichés, les mêmes propositions, inspirés du patriot Act américain dont on a vu les excès inacceptables aux Etats Unis, et l’inefficacité (cf. l’attentat de Boston). D’autres qui disent qu’il faut augmenter les effectifs militaires, recruter plus de fonctionnaires alors qu’il y a quelques jours face au gouvernement qui annonçait 50 milliards d’économie dans le budget ils en réclamaient 150 ! Certes c’est une minorité de responsables politiques qui est retombée dans les affres de la politique politicienne. Les frondeurs de gauche quant à eux semblent en réflexion pour voir ce qui doit changer dans leur posture politique depuis les tristes évènements que nous venons de vivre. On va attendre le fruit de leurs réflexions, en espérant qu’ils mettront un peu plus de maturité et de bon sens dans leurs discours.

Pendant ce temps la société, elle, veut prolonger le souffle qui s’est exprimé en particulier samedi et dimanche derniers. C’est l’engouement pour Charlie Hebdo qui bat tous les records d’impression et de vente de toute l’édition française. Les Voici, Closer et autres journaux de caniveaux sont relégués loin derrière. C’est Voltaire qui connaît un regain de jeunesse et bat aussi des records d’édition et de vente. Ceux qui pensaient que dès dimanche soir les choses rentreraient dans l’ordre en sont pour leur frais. Il y a une volonté populaire que soit bien marqué un avant et un après. Soit nos responsables politiques, économiques, sont en capacité de se mettre à hauteur de l’évènement soit on peut craindre qu’un mouvement populaire puissant ne prenne corps et âme pour imposer un changement réel dans le fonctionnement de notre société. Quand le peuple commence à descendre dans la rue il faut l’écouter ou il saura se faire entendre. Cela donne des devoirs à tous.

Le premier devoir c’est pour le gouvernement. Il faut des actes et des décisions aux effets rapides. Les décrets qui traînent pour qu’une loi s’applique il faut que cela cesse, ou alors il faut supprimer la loi c’est qu’elle n’est pas bonne. Les atermoiements, débats sans fin sur telle ou telle question doivent être canalisés dans un temps défini et la décision finale doit être explicite et applicable rapidement. Les cabinets ministériels et les ministères regorgent de personnes qui prétendent gouverner à la place du gouvernement. Peut-être sont-ils trop nombreux ? Un fonctionnaire applique, il ne décide pas. S’il veut décider il se présente aux élections.

Le deuxième devoir c’est pour les oppositions, droite et gauche confondues. Il faut en finir avec l’opposition systématique, frontale, qui ne propose rien si ce n’est l’expression de slogans et de principes sans lien avec la réalité des débats. Etre dans l’opposition ce ne doit pas être une fin en soi, un objectif final, dans une démocratie qui se veut moderne et efficace. S’il y avait moins de notables parmi les parlementaires et plus de personnes de la société civile dans toute sa diversité, sans cumul de mandat, nous aurions probablement une démocratie en meilleure santé.

Le troisième devoir c’est pour les corps intermédiaires. Ils n’ont pas joué leur rôle. Quand le Medef n’arrête pas de dénigrer la France et de s’opposer à tout ce qui n’est pas exclusivement dans son corpus idéologique, il participe d’une désespérance qui favorise le renforcement des intérêts particuliers contre l’intérêt général. Cela est vrai aussi pour les autres syndicats d’employeurs et les syndicats de salariés, à quelque exception près. L’opposition systématique, le refus de travailler ensemble, d’échafauder des compromis, de préférer ne pas avancer si toutes les revendications ne sont pas satisfaites, plutôt que d’avancer, pas à pas, en mesurant les acquis, c’est cela qui rend la société invivable.

Le quatrième devoir c’est pour chacun de nous. Nous devons aussi prendre la mesure de ce qui s’est passé. L’abstention n’est pas la bonne réponse au désaveu que nous pouvons porter sur le fonctionnement de notre démocratie. L’égoïsme n’est pas la solution aux difficultés que rencontre notre société. Le repli sur soi est la négation du développement, le meilleur moyen de se dessaisir de notre pouvoir pour le laisser aux mains des populistes aventuristes qui ont toujours mené les pays, et le nôtre en connaît le prix, aux pires affres. Nous avons collectivement redécouvert nos valeurs, Liberté, égalité, fraternité, et laïcité, que nous avions peut être un peu oublié par paresse intellectuelle, par j’men foutisme, par désintérêt. Il est temps de se les réapproprier.

Nous allons tous acheter Charlie Hebdo, mais beaucoup s’en éloigneront parce que cela ne correspond pas à ce qu’ils ont envie de lire. Ce n’est pas grave. Ce qui est important c’est que Charlie Hebdo puisse vivre comme symbole de la liberté d’expression, que l’on soit ou non d’accord avec son contenu. Dans le même temps la liberté d’expression elle n’est pas dans l’absolu, elle est définie par des règles dans un Etat de droit. Le blasphème n’existe pas dans notre cadre juridique, la Révolution l’a abolie. Aucune religion ne peut nous imposer le blasphème qu’elle s’impose à elle-même, ou ses rites et valeurs propres. Personne n’est obligé de lire Charlie Hebdo, mais ce journal doit exister parce qu’il représente un courant de pensée, une manière de voir les choses, et le lit qui veut.

Nous nous sommes laissé aller, nous devons nous reprendre en main. Nous avons les valeurs, nous avons la volonté collective. En avant pour faire vivre notre République et notre démocratie.

Partager cet article
Repost0
12 janvier 2015 1 12 /01 /janvier /2015 07:55

Des millions de français sont descendus dans la rue hier pour exprimer leur volonté de résister à la haine et au racisme, à l’obscurantisme et à la bêtise. Des millions de citoyens qui se sont levés pour dire qu’ils n’avaient pas peur et qu’ils se battront pour la liberté d’expression, combat symbolisé par Charlie Hebdo qui représente aujourd’hui pour les français une part essentielle de la liberté d’expression.

Depuis des mois je réclamais, j’attendais une réaction de la majorité silencieuse contre contre ceux qui voulaient ré écrire l’histoire, en nier certains aspects, contre ceux qui déniaient à l’autre, au voisin, à l’étranger, à ceux d’origines ou de religions différentes le droit de vivre cette différence. La leçon que nous donnent ces millions de français qui sont descendus dans la rue hier est sans appel. Elle oblige aujourd’hui les responsables politiques, les partenaires sociaux, chacune et chacun d’entre nous de ne plus délaisser le combat d’idées pour la liberté, pour l’égalité, pour la fraternité, et pour la laïcité.

Les terroristes ont senti qu’il y avait une faille chez nous. Ils ont vu que les populistes se faisaient entendre de plus en plus dans un silence assourdissant de la société, que les révisionnistes de tous poils salissaient notre histoire tous les jours en la déformant. Ils ont constaté la déliquescence éthique et morale des élites. Ils ont lu sur les réseaux sociaux les cris de haine contre l’autre, le racisme, l’antisémitisme, qui se développaient en toute impunité, sans réponse. Ils ont considéré que la France était une proie pour imposer la terreur et la soumettre à l’obscurantisme religieux.

Le peuple de France a réagi au-delà de ce qu’on pouvait espérer. Les Finkelkraut, Zemmour et compagnie sont renvoyés dans les poubelles de l’histoire, comme des mauvais souvenirs. Car il y aura un avant et un après 11 janvier 2015. A la condition que les dirigeants politiques en tirent les leçons, que celles et ceux qui se sont levés hier dans les rues de toutes nos villes ne laissent plus la parole raciste sans réponse. Nous étions jusqu’à hier peu à répondre sur les réseaux sociaux aux racistes, à mener le débat d’idées. Je me sens moins seul aujourd’hui.

Les journées comme celles d’hier ont un autre mérite, dévoiler la réalité de ce qu’on est. Nous avons vu Marine Le Pen à Beaucaire transformer la marche en meeting politique, honte à elle, où s’exprimaient le racisme et la xénophobie. Nous avons vu son père écrire sur son blog qu’il n’était pas Charlie mais plutôt Charles Martel, tout en annonçant dans la foulée sa candidature aux prochaines élections. Honte à lui. La preuve est faite, s’il en fallait une de plus, que le FN n’a pas changé, qu’il n’est pas républicain. Il se camoufle certes, mais dans ces moments il est démasqué.

Pour que l’après soit à la hauteur du souffle populaire qui s’est exprimé hier il faut que les dirigeants républicains, les responsables de tous ordres, les citoyens restent levés pour travailler ensemble à corriger les défauts de notre société, à remettre au premier plan nos valeurs issues des Lumières, de la Révolution et de la Résistance. C’est ça la France, et c’est la laïcité qui nous permettra de souder nos différences, d’en faire une force et non une faiblesse. En France il y a des communautés, c’est un fait, mais il n’y a pas de société communautariste parce qu’il y a la laïcité qui soude l’ensemble. Oui l’espoir renaît qu’une France avachie, endormie, reprenne en main son destin. La réponse à nos problèmes est en nous, en chacun de nous, dans notre volonté commune, collective.

Partager cet article
Repost0
8 janvier 2015 4 08 /01 /janvier /2015 07:13

Je suis un soixante huitard comme disent les gens qui ont toujours du mal avec la liberté. Hara-Kiri, Charlie Hebdo, les caricaturistes ont été des compagnons de mon adolescence et de mon apprentissage à la vie. C’était un peu ma famille, même si je n’étais plus un lecteur assidu, comme un cousin éloigné pour lequel on garde beaucoup de tendresse. Je suis effondré devant cet acte de haine qui a endeuillé la journée d’hier et qui restera dans notre histoire comme une tâche sanglante, une insulte à l’humanité, à la liberté d’expression. Ces lâches assassinats visaient notre conception du monde, nos valeurs républicaines et démocratiques, tant calomniés aujourd’hui jusqu’au plus profond de la société par des gens qui aspirent à un régime autoritaire, à une société soumise à des lois religieuses, à un asservissement de la pensée sous le joug de la contrainte et de la peur.

Certains parmi nous sont à l’œuvre depuis déjà longtemps pour s’attaquer à tout ce qui ressemble de près ou de loin à la liberté d’expression. Les uns regrettent les temps heureux d’une France pétainiste et machiste. Les espèrent une France blanche et catholique figée dans un immobilisme intemporel. D’autres encore veulent imposer la charia au pays des Lumières et de la Laïcité. Tous ces gens-là ont armé, consciemment ou inconsciemment les bras des assassins. Beaucoup vont chercher l’ennemi à l’extérieur, c’est tellement facile. Mais c’est en nous qu’il faut le débusquer. Oui, l’émotion ne doit pas nous empêcher d’analyser, de comprendre, d’appréhender les enjeux qui se cachent derrière ces assassinats lâches. S’ils ont pu se produire c’est que notre société était déjà affaiblie de l’intérieur. Depuis des années nous laissons faire sans trop réagir celles et ceux qui sapent les fondements de nos valeurs humanistes et républicaines au nom souvent de ces mêmes valeurs qu’ils déforment. Ils connaissent même des succès d’édition. Ils ont porte ouverte dans les médias et les journaux. Ce qui est condamnable ce n’est pas de leur donner la parole c’est de ne pas y répondre. C’est notre lâcheté collective.

Nous devons nous rassembler, mais pas seulement au nom de l’émotion, mais au nom des valeurs qui sont attaqués que portaient les dessinateurs de Charlie Hebdo, y compris dans leurs excès. Se rassembler ce ne doit pas être simplement pleurer ces morts, mais aussi, et c’est le meilleur hommage à leur rendre, revendiquer leur combat pour la liberté d’expression, pour la laïcité contre l’oppression des intégristes et fondamentalistes religieux de toutes sortes. Résister à la peur, à la terreur c’est être offensif pour défendre nos valeurs, la République, la démocratie. Montrons à tous ceux qui comptent profiter de la liberté pour la réduire que la liberté est plus forte.

Je suis Charlie

Partager cet article
Repost0
6 janvier 2015 2 06 /01 /janvier /2015 09:30

En France quand les éditorialistes se lassent du Hollande bashing, ils se lancent dans des analyses sur la situation hors de notre pays qui ne manquent pas d’inquiéter sur la capacité du monde des médias à comprendre ce qui se passe. Deux exemples. Le premier concerne l’apparition de mouvements de gauche radicale en Grèce et en Espagne, qui sont en capacité, en particulier, en Grèce de l’emporter électoralement. Il est alors question de sorite de la zone euro et de l'U. Même Angela Merkel, par des propos inconsidérés verse dans une dramaturgie qui affole les bourses mondiales. Le second concerne l’intervention de François Hollande à France Inter hier.

Les faits concernant la Grèce. Alexis Tsipras, leader du parti de gauche Syriza est donné favori dans les sondages avec 3 points d’avance devant le parti de droite. Les engagements de Syriza ne sont nullement de quitter la zone euro et l’UE. Il revendique juste de renégocier la dette, c’est-à-dire de l’étaler dans le temps pour permettre de relancer la croissance d’un pays rendu exsangue par le remboursement trop rapide de la dette. Or, ici en France cela devient pour les médias, exception faite de France Inter, l’expression de la volonté de quitter la zone euro et l’UE !

Pourquoi cela ? Les journalistes sont-ils incompétents au point de ne pas comprendre les choses ? Sont-ils dans un jeu de poker menteur pour vendre du papier ou chercher de l’audimat quitte à déformer les faits pour cela ? Je ne le pense pas, quoique sur l’incompétence de certains on pourrait en dire, comme sur les excès en tous genres pour vendre… . Il s’agit plutôt d’un aveuglement qui consiste à tout ramener au franco-français, et comme Pierre Laurent et Jean Luc Mélenchon, notre gauche radicale ici, sont pour la sortie de la zone euro et de l’UE, ils font l’amalgame. Cela révèle une manie bien française de ne voir et n’expliquer ce qui se passe dans le monde qu’en le réduisant à une vision hexagonale des choses.

Concernant les propos d’Angela Merkel, ils sont à mettre au compte d’une réalité dont le gouvernement allemand prend conscience, à savoir qu’il a perdu d’ores et déjà le débat d’idées sur sa vision d’une Europe calquée sur un modèle allemand qui a vécu ses meilleures heures en profitant de la faiblesse des autres pays européens. C’est un chant du cygne, une dernière salve pour l’honneur. La Commission européenne, le Parlement européen, la BCE même, ne suivent plus Angela Merkel et ses positions idéologiques rigoureuses qui montrent leurs limites dans la phase économique actuelle. L’UE est à un tournant, elle va devoir changer d’optique.

Alexis Tsipras a une autre dimension que Jean Luc Mélenchon dans sa capacité à comprendre les enjeux. Il dit, ce que nous sommes beaucoup à avoir dit depuis pas mal de temps, qu’il faut étaler le remboursement de la dette pour remettre debout les économies. C’est ce que François Hollande fait, sans le dire, en demandant tous les ans des ajustements, des délais. Et c’est ce que préconisent de plus en plus de gouvernements européens. Alexis Tsipras n’est donc pas un dangereux pyromane, mais un responsable politique avisé, qu’Angela Merkel et quelques autres feraient bien d’écouter un peu plus.

Les faits concernant l’intervention à France Inter de François Hollande. Il a expliqué sa politique en assumant ses responsabilités sur les échecs et en développant sa vision de l’avenir à travers les réformes mises en œuvre ou à venir. On peut être d’accord ou non avec ses propos sans pour autant les nier. La majorité des éditorialistes ont parlé de simple communication. Les commentaires de la droite, de l’extrême droite et de l’extrême gauche ont porté sur le même thème. Que ce soit de la communication, c’est vrai, mais quand on s’adresse à l’autre on communique ! Où est le problème ?

Le problème il est que les journalistes comme les responsables politiques n’écoutent pas. Ils ont une idée a priori et ils sont prêts à tordre les faits pour justifier leur idée. Venant de journalistes qui sont de toutes façons partisans on peut le comprendre, quoique être partisan n’oblige pas à être aveugle et sourd. Venant de responsables politiques, rien d’étonnant non plus, ils sont habitués aux éléments de langage qui n’ont pas pour but de faire une analyse des faits mais de s’opposer pour s’opposer. Ce qui est inquiétant c’est de constater une incapacité généralisée des médias, et de la classe politique, de Mélenchon à Le Pen, en passant par NKM, à nous parler des faits. Ce qui fait que de nombreux citoyens ne peuvent pas savoir ce qu’a dit François Hollande s’ils ne l’ont pas écouté ! Comment s’étonner que l’abstention progresse à ce point dans notre pays.

Les médias se déconsidèrent, les responsables politiques vivent en vase-clos, entre eux et en concubinage avec les journalistes. C’est un monde à part qui ignore les réalités. Il y a là comme un déclin qui s’annonce, comme une fracture qui se prépare. Et ce n’est pas le gouvernement seul qui est en cause, c’est tout un système dans lequel le FN a trouvé sa place et auquel il participe. S’il y a du nouveau à espérer c’est bien du côté de Syriza en Grèce et de Podemos en Espagne qu’il faut regarder, et pas du côté de nos politiciens cumulards et profiteurs.

Partager cet article
Repost0
4 janvier 2015 7 04 /01 /janvier /2015 09:15

C’est avec une douceur quasi printanière que s’égrènent les premiers jours de la nouvelle année. Et pourtant le monde vit des drames où la malchance côtoie l’imbécilité. Ainsi de catastrophes aériennes en dérive de bateaux chargés de migrants qui fuient la guerre et la misère, nous n’en finissons pas de voir des images de désolation. Mais il y a aussi la bêtise qui touche à l’ignoble d’un Maire qui refuse l’enterrement d’un jeune enfant Rom dans le cimetière communal. Tout cela résonne comme des signaux de mauvais augure dans un monde en plein bouleversement où la peur semble l’emporter sur la raison, la haine sur l’amour, l’égoïsme sur la solidarité.

Le nationalisme rampant qui sape nos valeurs de manière insidieuse porte en lui tous les maux qui ont déjà tant causé de malheurs. Comme si nous n’avions rien appris de l’histoire. Comme s’il fallait ajouter du malheur au malheur pour exorciser je ne sais quelle peur ancestrale qui fait de l’autre un ennemi, de soi un être stupide. Je ne sais pas si nous irons au bout d’un tel processus de régression ou si nous arriverons collectivement à combattre avant qu’il n’arrive à terme la résurgence d’un passé douloureux. Mais ce que je sais c’est que la naïveté coupable de quelques-uns et la perversité voulue d’autres, ne sont pas le fruit de l’intelligence humaine, tout au plus le résultat de notre déresponsabilisation face aux changements qui s’opèrent dans le monde.

Nonobstant tout cela, je crois en l’homme, en la capacité de l’être humain à dépasser sa turpitude. Je crois cela non par une quelconque croyance religieuse, mais parce que l’histoire de l’humanité m’enseigne que ce combat entre progrès et conservatisme, respect et ignominie, amour et haine, a vu toujours triompher le progrès, le respect et l’amour, au prix parfois de lourds sacrifices certes, mais à la condition que celles et ceux qui portent les valeurs d’amour, de fraternité et de partage se mobilisent. C’est ce que 2015 doit porter, et c’est mon espoir afin que l’humanité réconciliée avec elle-même et avec son environnement se perpétue. Est-ce trop nous demander ? J’espère que non !

Partager cet article
Repost0
24 décembre 2014 3 24 /12 /décembre /2014 08:16

Il existerait la trêve des confiseurs paraît-il. Cela ne se voit pas, la violence est toujours là dans le monde, violence aveugle, démente, ou violence politique, religieuse. Et la violence des mots… les mots de ceux qui veulent absolument voir une violence musulmane là où il y a une violence de la folie. La violence s’accompagne souvent de la haine, la haine de ceux qui la provoquent, la haine de ceux qui la dénoncent pour mieux la manipuler, en faire une arme politique, comme le Fhaine qui mérite bien son nom et qui multiplie les appels contre les islamistes en apparence mais contre les musulmans en réalité, cette religion qu’ils ne tolèrent que cachée, honteuse, recluse. Cela au nom d’une religion qui nous parle d’un Christ rédempteur, d’un dieu qui pardonne, d’une religion chrétienne qui se veut amour.

Tous les catholiques ne sont pas intégristes, tous les musulmans ne sont pas fondamentalistes, fort heureusement. Et c’est pour que tous les êtres humains de bonne volonté puissent vivre ensemble que la laïcité a été inventée par l’homme. S’attaquer à la laïcité pour en faire un instrument de domination d’une religion sur une autre c’est remettre en cause cette coexistence pacifique, c’est travailler au chaos et à la guerre civile. La laïcité n’a pas besoin d’adjectif, car cela la détourne de son sens profond. La séparation des Eglises et de l’Etat est un pilier essentiel de ce qu’est notre pays. Le saper à la base c’est toucher à un fragile équilibre et ouvrir une période d’instabilité dont il ne sortira que tristesse et désolation. Remettre en cause la neutralité religieuse de l’Etat c’est s’attaquer à la France dans son histoire, ses avancées humanistes et culturelles, et son progrès social.

En cette fin d’année 2014, alors que s’annonce une nouvelle année, dans un cycle qui se renouvelle depuis la nuit des temps humains avant même l’existence des religions actuelles, je me pose la question de savoir quel pays allons-nous laisser à nos enfants si nous continuons à suivre les sirènes de la haine et de l’intolérance . Je souhaite que le peuple de France, dans toutes ses composantes et sa riche diversité, trouve le chemin de la paix, de la tolérance et de la sagesse pour que 2015 marque le triomphe de l’amour sur la haine, du respect sur la veulerie.

Partager cet article
Repost0

Liens