Après les huissiers, les avocats, les notaires, les pharmaciens et quelques autres corporations qui profitent dans la manne publique tout en voulant conserver des droits et des statuts d’un autre temps, refusant toute réforme, c’est au tour des médecins, en commençant par les urgentistes aujourd’hui de se mettre en grève pour exprimer leur refus d’une réforme. Ces milieux ont toujours été marqués par un conservatisme profond. Ils sont favorables aux réformes… pour les autres catégories sociales, mais n’entendent pas être touchées par quelque modification que ce soit dans leur statut et leur fonctionnement, et leur liberté d’agir.
Je concède que dans l’ensemble des revendications des médecins il y a des points qui sont justifiés, comme celui concernant le prix de la consultation. Mais si cette revendication se fait en partant du fait que certains médecins ne vivent pas de leur métier comme ils en vivaient avant, c’est aussi, et surtout, parce qu’il y a des secteurs géographiques sur médicalisés et d’autres sous médicalisés. Et là les médecins unanimes sont hostiles à toute mesure de répartition équilibrée de l’accès aux soins sur l’ensemble du territoire.
Les professions libérales dans leur ensemble, et les médecins particulièrement, sont de fait des « fonctionnaires » mais s’ils en désirent les avantages, ils en rejettent les contraintes qui pourtant s’imposent à l’ensemble des fonctionnaires et des catégories sociales qui sont directement au service de l’intérêt général. Il serait souhaitable que les pouvoirs publics mettent sur la table tous les points qui constituent le statut de ces professions, l’ensemble des aides qui sont accordées, ponctuellement ou régulièrement, de façon que les citoyens sachent exactement ce qu’il en est des statuts pour lesquels les bénéficiaires se battent, et qu’un débat public s’organise sur le bien-fondé, ou non, de réformes pour améliorer le fonctionnement de ces corporations pour le bénéfice de l’ensemble de la société.
Cela peut se faire, comme cela a été fait pour d’autres secteurs professionnels, sans pour autant désigner ces corporations en bouc émissaire, mais avec la volonté d’améliorer le fonctionnement de la société pour le bien de tous. Je comprends que des professionnels qui font de longues études soient en quête d’une reconnaissance sociétale et sociale. Mais il ne faudrait pas oublier que ces longues études sont financées par l’impôt et que le libéralisme et la liberté d’agir doivent tenir compte de l’effort de la société pour permettre à des personnes de se former et de travailler.
Il faut par conséquent que s’établisse un dialogue entre ces professions et les pouvoirs publics de telle sorte que l’intérêt corporatiste ne s’acquiert pas au détriment de l’intérêt général, et que l’intérêt général prenne en compte les contraintes de chaque profession. A lire la catalogue revendicatif fourre-tout des médecins je ne pense pas que le dialogue puisse se faire de manière sereine. Il importe donc que les responsables du milieu médical adopte un comportement plus en adéquation avec ce qu’est aujourd’hui le cadre de la société française, les contraintes auxquels tous les citoyens sont confrontées. Il n’y a pas de raison qu’une corporation ou une autre désire s’extraire de ce cadre, et n’apporte pas sa contribution à l’effort demandé aux français pour sortir d’une crise économique et sociale dont l’issue sera une évolution en profondeur de notre société.