Dans mon article d’hier j’ai constaté l’évolution positive de l’appareil du PS vers une social-démocratie assumée, enfin ! Il était temps en effet que le PS affirme sa volonté de réformer pour prendre en compte la société telle qu’elle est, pour y faire vivre les valeurs d’égalité, de liberté et de progrès.
Aujourd’hui je veux parler du PS lui-même, un parti politique replié sur ses élus (25 000), qui subsiste exclusivement par son organisation clanique et clientéliste. Clanique autour des élus qui organisent leur réseau électoral, clientéliste avec des réseaux d’affidés. Cette réalité n’est pas l’exclusivité du PS, mais elle est probablement plus forte au PS parce que de nombreux adhérents et militants ont quitté, de gré ou de force, ce parti qui n’a pas su, ou pas voulu, ouvrir ses portes et ses fenêtres pour s’immerger dans la société civile. Les responsables du PS ont préféré donner la priorité à l’appareil plutôt qu’aux militants.
Il ne faut pas s’étonner alors de la perte d’adhérents qui s’est accélérée ces dernières années et qui explique en partie à chaque scrutin électoral le taux d’abstention en augmentation. Le PS avant ce dernier scrutin interne rebutait par l’archaïsme de ses idées et par un repli sur les réseaux d’élus. Aujourd’hui un souffle nouveau est arrivé que l’appareil doit prendre en compte. Mais ce souffle nouveau n’aura de sens que si le Parti s’ouvre à la société, s’il s’ouvre aux citoyens, avec la volonté de combattre le clanisme et le clientélisme.
C’est tout le défi qui est posé à Jean Christophe Cambadélis, ainsi qu’à Manuel Valls chef de la majorité. Et ce défi n’est pas gagné à l’avance, loin s’en faut. D’abord parce que le PS depuis longtemps a peur de s’ouvrir à la société civile, parce qu’il n’a pas eu confiance, jusqu’à maintenant du moins, dans la force de ses idées, donc en lui-même. Ensuite parce que les citoyens engagés réagissent plus vite que les gens d’appareil aux évolutions de la société et aux contraintes nouvelles qui apparaissent, et les élus ont peur de ce qui bouge tant qu’ils n’ont pas la sensation de maîtriser ce qui se passe. Enfin, parce que l’émergence du citoyen dans l’appareil marquera la fin d’un certain rapport entre l’élu et le citoyen, rapport aujourd’hui de dépendance.
C’est bien une manière nouvelle de faire de la politique qui est en jeu. L’appareil est-il prêt à aller au bout des choses ? Ce qui est sûr c’est que si rien ne change le nombre d’adhérents va encore baisser, et c’est l’existence même du PS qui se posera à terme. Le choix est clair. Qui osera aujourd’hui se revendiquer d’une conception qui fait d’un parti politique une forteresse où se constitue une caste privilégiée ? Qui revendiquera que le parti ouvre ses portes et ses fenêtres pour laisser entrer les citoyens qui veulent s’engager pour le progrès et la réforme ?
J’ai choisi mon camp depuis longtemps, et bien qu’exclu par le PS, mesure administrative, je n’ai aucun scrupule à parler du PS comme de ma famille politique, parce que je considère que c’est là que se situe l’espoir de voir se mettre en place une démocratie modernisée, une vision nouvelle de l’action politique qui pourra servir d’exemple aux autres formations. Cela ne sera possible qu’en faisant confiance aux citoyens car ce sont eux qui ont l’avenir du pays entre leurs mains.
Cette question devrait être au cœur des débats du Congrès qui va se tenir prochainement. Si c’est le cas il y aura toute raison de se réjouir. Si ce débat n’a pas lieu, c’est qu’encore une fois le PS sera passé à côté de sa responsabilité historique, et ce sera l’annonce d’un retour de la droite au pouvoir à l’occasion de la prochaine présidentielle, parce que les citoyens ont de la mémoire et marqueront leur désaveu d’un parti qui ne tient pas le rôle qu’il devrait tenir.
La situation économique et sociale du pays va aller en s’améliorant, en partie grâce à une politique de réforme audacieuse. La loi s’est adaptée aux nouveaux comportements des femmes et des hommes sur beaucoup de points. Et le gouvernement a su mener courageusement ces combats (mariage pour tous, réforme du Collège, défense des consommateurs,…). Il serait dommage de passer la main alors que les fruits d’une politique volontariste et réformatrice commencent à apparaître. Le gouvernement et l’appareil du PS ont les clés en main pour ouvrir cette nouvelle perspective.